Marie, signe avec Jésus, coopère-t-elle au salut ?

Marie, signe avec Jésus, coopère-t-elle au salut ?

Dans le coran, le destin de Marie est lié à tout jamais à celui de son fils qui se voit, vingt-quatre fois, désigné du titre de "Jésus, fils de Marie". « Nous avons fait d’elle et de son fils un Signe pour les mondes. » (Coran 21, 91) Marie est associée à son fils avec qui elle forme « un signe ».

Peut-on aller plus loin et considérer qu’elle participe à notre salut, comme nous le disons dans la foi catholique ?

Le Coran ne permet pas de parler de "coopération" à la "rédemption"

Selon la Sourate 5, 9-10, le salut est obtenu par la foi et les œuvres, mais « le salut », « la foi », et « les œuvres » ont un sens un peu différent du sens chrétien :

  • Le salut consiste en un état de bonheur dans l’au-delà, et pour cela, il n’y a pas besoin de rédemption, ni de régénération.
  • La foi consiste à croire en l’unicité de Dieu, au message de Mahomet, à la vie après la mort, aux anges, aux Ecritures saintes. A cela, la tradition ajoute la foi en la prédestination.
  • Les œuvres consistent à réciter la confession de foi, prier, jeûner, faire l’aumône, faire le pèlerinage à la Mecque.

Dans la faiblesse, il ne faut pas désespérer de la miséricorde de Allah (sourate 39, 53). Cependant, la peur du jugement final est un stimulant pour obéir au Coran. La sourate 4, 150-152 prévient tous ceux qui croient en Dieu mais ne croient pas en Mahomet son prophète : ils auront une punition humiliante.

L'idée de Marie comme "signe" pourrait constituer une porte entre les deux religions

Dans l’islam il n’y pas de rédemption ni de coopération de Marie à la rédemption. Au plan des textes, il n'y a rien de comparable à ce qui est enseigné dans la foi catholique ou orthodoxe.

Cependant, l’idée de Marie comme « signe », pourrait constituer une porte entre les deux religions. En effet, pour les musulmans, Marie et Jésus sont un « signe » de la transcendance de Dieu par sa maternité virginale.

Un exemple vécu va dans ce sens :

L’apparition de Zeitun complète de manière non verbale en ajoutant à ce « signe » des connotations de paix. Marie et Jésus deviennent alors le signe de la transcendance de Dieu qui est la Paix.

L’apparition de Marie en 1968, à Zeitoun*, quartier populaire de la banlieue du Caire, s’est montrée silencieusement en diverses positions : tantôt elle bénissait, tantôt elle se tenait en position d’intercession auprès de la croix de Jésus. Les évènements suggèrent qu’en s’abstenant de tout message explicite, l’apparition de la Vierge a voulu délivrer un signe accessible à tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens. Plusieurs y ont vu aussi un encouragement à la paix (Zeitoun signifie en arabe « olives », et l’olivier, dont un rameau fut tenu par la Vierge lors de certaines « apparitions », est un symbole de paix). Marie est vue par les musulmans comme un signe et elle les conduit en tant que celle qui est associée à Jésus pour une œuvre de paix (autre nom de la coopération au salut, s’il en est).


*Zeitoun : www.zeitun-eg.org.

F. Breynaert

Avec la coopération des étudiants
du Studium théologique de Jérusalem (Antonianum)