La philosophie du don

Marie, don donné à l'humanité et à l'Eglise qui ne peuvent vivre sans don

Toute l'humanité a besoin d'amour et de don.

Dans les sciences sociales, il est habituel de parler du système économique où chacun recherche son propre intérêt individuel et du système institutionnel, ou collectiviste, parfois appelé holistique.

Or, aucune de ces deux façons de voir n'explique «la genèse des liens sociaux» ni aide l'homme à être heureux. Voilà pourquoi Alain Caillé doit affirmer la nécessité d'une troisième façon de vivre, basée sur le don :

« Le troisième paradigme dont nous avons besoin pour surmonter les points de vue également limités de l'individualisme et de l'holisme est donc un paradigme du don »[1].

Le don est l'acte de l'amour, et l'amour se révèle à travers le don.

Le mystère de l'Immaculée Conception resplendit clairement s'il est compris comme don du Dieu Trinitaire[2] :

- l'Immaculée Conception de Marie est avant tout don de l'amour éternel du Père qui justifie gratuitement.

- c'est le don de la rédemption préservative de Marie opérée par le Christ.

- c'est certainement la plénitude de grâce et le don de l'Esprit Saint.

Marie nous introduit dans la logique du don avec la conscience lucide d'avoir tout reçu de Dieu. Et parmi les dons qui dérivent du fait d'être aimé de Jésus, le disciple accueille Marie comme Mère (Jn 19, 25-27).

Marie Immaculée est un don de l'amour trinitaire pour l'Eglise et l'humanité...

J. Ratzinger, actuel pape Benoît XVI explique qu'il existe dans l'Ecriture (Eph 5, 27), et chez les Pères un enseignement sur l'Immaculée, qui est en vérité un enseignement sur l'Eglise immaculée ». Marie Immaculée est ainsi comme le « commencement et la personnification concrète de l'Eglise »[3]. Marie Immaculée est parmi les créatures la seule «qui ne connut pas une histoire sans Dieu» et elle est ainsi devenue par la grâce l'image de la nouvelle humanité, l'icône de la future Eglise « sans tache ni ride » (Eph 5, 27), Marie est la « 

première Eglise »

[4] Le Concile Vatican II enseigne que « l'Eglise a déjà atteint dans la très bienheureuse Vierge la perfection, par quoi elle est sans tache et sans ride (cf. Ep 5, 27) »[5]. L'enseignement sur l'Immaculée Conception est : « L'expression de la certitude de foi que la Eglise existe vraiment comme personne et en personne. »[6]

En d'autres termes, le don de l'Immaculée resplendit comme don donné à l'Eglise afin qu'elle expérimente le caractère immaculé et la plénitude de grâce en vue de la maternité divine.

A travers l'Immaculée, Dieu nous dit : « Regardez les grandes choses que j'ai faites en elle et permettez-moi de les faire en vous ».

Marie Immaculée, en tant que don donné pour l'Eglise et pour le monde, fait comprendre que le futur de la société humaine se trouve dans la mise en pratique de la logique du don.

L'homme et la femme de notre époque doivent regarder l'Immaculée pour comprendre que le don de soi est possible, parce qu'il existe déjà en Marie.


[1] A. CAILLE, Il terzo paradigma (le troisième paradigme). Anthropologie philosophique du don, Bollati Boringhieri, Torino 1988, pp. 10-11.

[2] La révélation du mystère de la Trinité est par excellence la révélation de l'amour, parce que Dieu est amour (cf. 1Jn 4, 8).

[3] Cf. J. RATZINGER, La Figlia di Sion. La devozione a Maria nella Chiesa, Jaca Book, Milano 2005, p. 68.

[4] Cf. M. G. MASCIARELLI, Il segno della Donna. Maria nella teologia di Joseph Ratzinger, San Paolo, Cinisello Balsamo 2007, p. 27.

[5] Concile Œcuménique VATICAN II, Lumen gentium 65.

[6] J. RATZINGER, La Figlia di Sion. cit., p. 68.


Résumé par F. Breynaert de Bogus?aw Gil (MIC), L'Immaculée conception de Marie dans la perspective du don, dimension culturelle, biblique et théologique, Copyright © 2012 ; Pères Mariens Rwanda, p. 131-141

Boguslaw Gil (MIC), père Marien de l'Immaculée conception (Pologne)