Rm 3, 25. Mc 10, 45. Jésus, propitiatoire de l’arche d’Alliance. L’expiation.

Jésus, propitiatoire de l’arche d’Alliance ; l'expiation. (Benoît XVI)

« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu -- et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus: Dieu l'a exposé, instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi... »

(Romains 3, 23-25)

Propitiatoire, instrument de propitiation, arche d'Alliance.

Le mot traduit par instrument de propitiation, ou instrument d'expiation, en grec se dit « hislastèrion », et en hébreu « kapporet ». C'est ainsi que s'appelait le propitiatoire de l'Arche de l'Alliance. C'est le lieu sur lequel, dans une nuée, apparaît YHWH, le lieu de la mystérieuse présence de Dieu


Au jour de l'expiation, - le Yom Kippour
(cf. Lv 16) - ce lieu sacré est aspergé du sang du taureau immolé comme victime d'expiation, « dont la vie est ainsi offerte à Dieu à la place de celle des hommes pécheurs qui méritent la mort. L'idée de fond est que le sang du sacrifice, dans lequel tous les péchés des hommes ont été absorbés, est purifié en touchant la divinité même, et qu'ainsi, par ce contact avec Dieu, les hommes représentés par ce sang sont aussi rendus purs.

Jésus lui-même est la présence du Dieu vivant. En lui se touchent Dieu et l'homme, Dieu et le monde. En lui se réalise ce que le rite du Jour de l'expiation voulait exprimer : dans le don de lui-même sur la Croix, Jésus dépose, pour ainsi dire, tout le péché du monde dans l'amour de Dieu et le fait fondre en lui.

"Dieu l'a exposé, instrument de propitiation."

(Rm 3, 23-25)

Pour Paul par la crucifixion du Christ, le Temple avec son culte est « démoli » ; à sa place se tient maintenant l'Arche de l'Alliance vivante du Christ crucifié et ressuscité.

Dieu a-t-il été cruel ? Que veut dire une expiation infinie ?

"Dans la passion de Jésus, toute l'abjection du monde entre en contact avec l'immensément Pur, avec l'âme de Jésus-Christ et ainsi avec le Fils de Dieu lui-même.

En ce contact, la souillure du monde est réellement absorbée, annulée, transformée à travers la douleur de l'amour infini. "

"La réalité du mal, de l'injustice qui défigure le monde et en même temps trouble l'image de Dieu - cette réalité existe : par notre faute. Elle ne peut pas être ignorée, elle doit être éliminée."

"Mais n'est-ce pas là une chose infinie exigée par un Dieu cruel ? C'est précisément le contraire ! Dieu lui-même se situe comme lieu de réconciliation et, dans son Fils, prend la souffrance sur lui. Dieu lui-même introduit dans le monde sa pureté infinie comme un don."

L'accomplissement de l'intention du culte ancien.

"Dans la Croix s'accomplit la signification profonde de l'Ancien Testament - non pas seulement la critique cultuelle faite par les prophètes, mais, d'une manière positive, ce qui depuis toujours représentait la signification et l'intention du culte."

Conclusion.

Benoit XVI conclut "le mystère de l'expiation ne doit être sacrifié à aucun rationalisme pédant." Et il réaffirme cette parole du Seigneur qui "demeure une parole clé pour la foi chrétienne en général" :

"Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude."

(Marc 10, 45)


Extraits par F. Breynaert de : Joseph Ratzinger, Benoît XVI, Jésus de Nazareth. De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection. Parole et Silence, Paris 2011, p. 56-57 et 263-272