Oecuménisme : coopération au salut de l'Immaculée

Oecuménisme : coopération au salut de l'Immaculée

Lors du symposium international de mariologie à Rome 2003, Bernard SESBOUE (co-président du groupe des Dombes) a enseigné sur le thème : la doctrine de l'Immaculée Conception dans le dialogue œcuménique (Groupe des Dombes, Marie ; Accord Luthero-catholique de 1999)

Le dialogue œcuménique sur le dogme de l'Immaculée Conception nécessite un débat plus global sur la coopération de Marie au salut.

Sur ce sujet, il importe de se souvenir ce que fut la contestation du protestant Karl Barth et les malentendus dont nous sommes partis.

Karl Barth refuse de faire dépendre le salut du oui de Marie, de la réceptivité de l'homme, il refuse qu'une créature sauvée et graciée puisse coopérer librement au salut, il refuse un rôle de Marie qui soit indépendant par rapport au Christ. Dans sa contestation Karl Barth ne prend pas en compte les discours osés de certains théologiens catholiques mais il prend en compte le discours officiel moyen et la culture populaire qui s'exprime dans les cantiques (dont l'imprécision est parfois regrettable).

Sur l'arrière fond des contestations passées, on comprend mieux l'avancée œcuménique du groupe des Dombes[1] lorsqu'il affirme qu'il n'y a pas de salut s'il n'est pas reçu, que la disponibilité se fait obéissance, que la passivité n'est jamais totale (tome II, n°219). L'accueil n'est pas une œuvre. Le cadeau n'est cadeau que s'il est reçu.

Le cadeau qui n'est pas reçu n'est qu'une offre. Un cadeau est une sorte d'invocation que le donateur fait au donataire. (n°220)

Dieu fait exister l'homme et l'homme fait exister Dieu comme Dieu de l'Alliance. (n°222)

La contestation de Karl Barth repose en grande partie sur un malentendu.

Saint Paul a affirmé la coopération des hommes à Dieu : « nous sommes les coopérateurs de Dieu » (1Co 3,9) ; « nous sommes ses coopérateurs » (2Co 6,1)

Quant au verset « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Eglise » (Col 1,24), il gagne a être lu dans l'ordre des mots grecs : je complète ce qui manque en ma chair aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Eglise.

De sorte que la coopération de Paul au Christ n'est pas un ajout à l'œuvre du Christ mais une réponse et une correspondance personnelle.

La coopération de Marie a exactement la même structure que les autres coopérations humaines, seule la nature de sa coopération est unique : il n'y a qu'une mère du Verbe incarné. Pas plus que pour d'autres coopérations, on ne peut pas parler d'un rôle indépendant de Marie puisque son rôle est le fruit du don de Dieu.

Il reste que les protestants refusent la contribution humaine au salut mais non pas leur participation dans la foi.

Les luthériens voient dans les œuvres des signes de la justification et non pas des mérites.


[1] Le groupe des Dombes a publié en 1997 Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Tome I Dans l'histoire et l'Ecriture ; et en 1998, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints, tome II Controverse et conversion.


Extrait de : conception-rome-2003>Françoise BREYNAERT Cronaca del XIV simposio internazionale di mariologia, Pontificia facoltà teologica Marianum, Roma 7-10 ottobre 2003, In Miles Immaculatae, Anno XXXIX fasc II, 2003, pp. 560-577, p. 568