Mère de Dieu mais non déesse

La Mère de Dieu n'est pas une déesse

Entre la Mère de Dieu, la Théotokos, Mère du Verbe incarné et la "mère des dieux", esprits sans corps, il y a une différence abyssale et incontournable, la chair de Marie, comme l'expose Saint Jean Damascène au VIIIè siècle :

[...]Célébrons la fête du départ de la Mère de Dieu, non point avec des flûtes ni des chants de corybantes, ni par les thiases orgiaques de celle qu’on appelle la "Mère des dieux" faussement nommés : les insensés, dans leurs imaginations fabuleuses, lui attribuent beaucoup d’enfants, alors que la vérité montre qu’elle n’en eut aucun. Ce ne sont que des démons, des fantômes vains comme des ombres, qui feignent sottement ce qu’ils ne sont pas, aidés en cela par la folie qui égare les hommes.

Marie n'est pas une déesse, mais un être humain, avec un vrai corps de chair !

Un être sans corps peut-il engendrer ? Comment s’unirait-il à un autre ? Et comment appeler un dieu ce qui n’existe pas auparavant, et apparaît par la naissance ? Que la race des dieux, en effet, soit incorporelle, c’est l’évidence pour tout homme, même pour ceux dont les yeux spirituels sont aveugles. Car Homère décrit ainsi, en un passage de ses œuvres la complexion des dieux qui sont dignes de lui : "Ils ne mangent pas le pain, ni ne boivent le vin couleur de feu ; aussi sont-ils exsangues, et appelés immortels. Ils ne se nourrissent pas de pain, dit-il, ils ne boivent pas le vin qui donne la chaleur. Voilà pourquoi ils n’ont pas de sang et on leur donne le nom d’immortels." Il dit très justement : "on les appelle, on les dit immortels, mais ils ne sont pas ce que l’on dit, car ils ont péri de male mort. "

La génération du Verbe de Dieu est hors du temps et éternelle, mais il naît de cette Vierge sacrée sans union humaine, restant lui-même Dieu tout entier, et tout entier devenu homme

Quant à nous, comme celui que nous adorons est Dieu, un Dieu qui n’est pas venu du non-être à l’existence, mais qui est éternel engendré de l’éternel, qui dépasse toute cause, parole, idée soit de temps soit de nature, c’est la Mère de Dieu que nous honorons et vénérons. Nous ne voulons pas dire qu’il tienne d’elle la naissance intemporelle de sa divinité, la génération du Verbe de Dieu est hors du temps et éternelle comme le Père.

Mais nous confessons une seconde naissance, par incarnation volontaire, et de celle-ci nous connaissons la cause et nous la proclamons : il se fait chair, celui qui est éternellement incorporel, « à cause de nous et à cause de notre salut », pour sauver le semblable par le semblable. Et s’incarnant, il naît de cette Vierge sacrée sans union humaine, restant lui-même Dieu tout entier, et tout entier devenu homme ; pleinement Dieu avec sa chair, et pleinement homme avec son infinie divinité.

Nous la reconnaissons pour la Mère de Dieu incarné

C’est en reconnaissant ainsi cette Vierge comme Mère de Dieu que nous célébrons sa dormition : nous ne l’appelons pas une déesse; loin de nous ces fables de l’imposture grecque, puisque nous annonçons aussi sa mort. Mais nous la reconnaissons pour la Mère de Dieu incarné.

Célébrons-la aujourd’hui, par des chants sacrés, nous qui avons été enrichis au point d’être le peuple du Christ et de porter ce nom ! Honorons-la par des stations nocturnes ! Réjouissons-la par la pureté de l’âme et du corps, elle qui réellement est plus pure que tous les êtres sans exception après Dieu : car le semblable se plaît au semblable. Rendons-lui hommage par par notrenotre miséricorde et notre compassion à l’égard des indigents. Si rien ne fait honneur à Dieu comme la miséricorde, qui contestera que sa Mère soit honorée par les mêmes sentiments, elle qui a mis à notre disposition cet abîme ineffable, l’amour de Dieu pour nous ? [...]

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