La Tradition apostolique (vers l'an 215)

La Tradition apostolique

La Tradition apostolique, document liturgique romain de l'an 215 environ, est attribuée à Hippolyte de Rome. Elle fait mention de la Vierge Mère du Christ, Verbe de Dieu, Sauveur de l'homme :

A) Au cœur de la célébration eucharistique, dans l'action de grâce, brève et essentiellement christologique, la Vierge Mère est mentionnée deux fois:

« Nous te rendons grâces, ò Dieu, pour[1] ton Enfant bien-aimé Jésus-Christ, que tu nous as envoyé en ces derniers temps (comme) sauveur, rédempteur et messager de ton dessein[2], qui lui est ton Verbe inséparable par qui tu as tout créé et que, dans ton bon plaisir, tu as envoyé du ciel dans le sein d'une vierge et qui ayant été conçu, s'est incarné et s'est manifesté comme ton Fils, né de l'Esprit-Saint et de la Vierge. »

(Anaphore eucharistique, Tradition Apostolique 4,

texte français par B.BOTTE, SC 11 bis, Cerf 1968, p. 49)

B) Dans le rite du baptême dans la nuit de Pâques nous avons l'exemple le plus ancien d'un "symbole apostolique". Lors de la seconde immersion du catéchumène on lui demande :

« Crois-tu en Christ Jésus, Fils de Dieu, né par l'Esprit Saint de Marie la Vierge ? »

(Tradition Apostolique 21,

texte français par B.BOTTE, SC 11 bis, Cerf 1968, p. 84)

Ces documents sont importants, là l'Église du troisième siècle professe et célèbre sa propre foi. Et c'est aussi là que l'on fait mémoire de la conception virginale et de la naissance du Christ de l'Esprit Saint et de la Vierge.

Marie, vraie mère et mère vierge, fait partie de la doctrine dogmatique de l'Église dans deux moments fondamentaux de la vie ecclésiale: le repas eucharistique et le baptême.

Le motif est évident : la vraie maternité de Marie vis-à-vis du Christ et sa fécondité virginale sont la base historique et la garantie du salut. "Signum virginis", avait enseigné saint Irénée.

Cela explique pourquoi seulement la Vierge Mère est nommée et non pas les anges les patriarches les prophètes les apôtres et les martyrs: il s'agit d'une mémoire doctrinale du mystère de l'incarnation où Marie a joué une fonction unique et essentielle.

L'Église du troisième siècle incorpore et fixe dans une formule de foi la doctrine de la naissance du Christ Verbe de Dieu sauveur de l'homme: "De l'Esprit Saint et de la Vierge" (Tradition apostolique 4), ou "Par l'Esprit Saint de Marie la vierge" (Tradition apostolique 21).

Cette formule entrera définitivement dans le symbole du

concile de Constantinople, en 381, qui sera accueilli universellement dans toutes les liturgies et il sera explicité dans toute sa

Bcontroller%5D=Glossaire" title="1) Vertu qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance ..." class="definition_texte">force salvatrice: "Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel, et s'incarna d'Esprit Saint et de Marie la vierge, et se fit homme" (Cf. DS 150).


[1] Nous devons reconnaître à la préposition latine « per + accusatif » non pas la valeur d'un moyen (nous te rendons grâce par ton fils...) mais la valeur d'une cause (nous te rendons grâce pour ton fils).

[2] Allusion à l'Ange du grand conseil (Is 9,5 d'après les Septante) :

« Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné

ce nom : Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-paix » (Is 9,5)


A. Gila

Partie : Marie, l'Eucharistie et le sacerdoce (Doctrine)