A notre mort, nous verrons le Christ (Cf. CEC 634-635)

A notre mort, nous verrons le Christ

Posons-nous d'abord quelques questions...

Personne ne peut être sauvé sans la foi (Jn 13, 18).

(Cela se comprend bien : le salut est surnaturel et nécessite une connaissance surnaturelle, la foi).

Et personne ne peut croire sans qu'on lui ait prêché... (Rm 10, 14).

Mais Jésus en son temps n'a pas annoncé la Bonne nouvelle à tous les hommes. Et l'Eglise en notre temps non plus, (même si la mission a atteint le monde entier). De plus, notre perception de l'amour de Dieu est obscurcie et com­pliquée.

Or Dieu est juste, bon, plein d'amour pour tous. Alors ?

« La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts... » (1P 4,6)

Or voici : Jésus est capable de rencontrer les morts et de leur annoncer l'Evangile.

Qu'a fait Jésus entre sa mise au tombeau le soir du vendredi saint et le matin de Pâques ? Il a rencontré les défunts et...

« La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts... » (1P 4,6)

C'est ce que les Eglises fêtent sous le titre de « la descente de Jésus aux enfers » (le mot « enfers » signifiant ici simplement, les lieux inférieurs, le séjour des morts).

Ce qui correspond au Credo, dans le symbole des apôtres :

« Je crois en Jésus-Christ qui... est mort, est descendu aux enfers... »

Et jusqu'à la fin du monde, Jésus vient à la rencontre de chaque homme qui meurt, de sorte que tout homme entend, au moment de sa mort, la prédication de la Bonne Nouvelle.

Ainsi, Jésus est le Rédempteur de tous et il accomplit pleinement l'annonce du salut, comme le dit le catéchisme de l'Eglise catholique :

« "La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts..." (1P 4,6). La descente aux enfers est l'accomplissement, jusqu'à la plénitude, de l'annonce évangélique du salut.

Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d'extension de l'œuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption. » (CEC 634)

C'est l'une des raisons pour laquelle Jésus (qui est Dieu) veut connaître la mort :

« Jésus commença de montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter. » (Mt 16, 21)

ou, dit plus brièvement :

« Il faut que soit élevé le Fils de l'homme » (Jn 12, 34).

« Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Rm 10,7 ; Ep 4,9) afin que "les morts entendent la voix du Fils de l'Homme et que ceux qui l'auront entendue vivent" (Jn 5,25). » (CEC 635)

Déjà, durant sa vie terrestre, par anticipation, Jésus parlait aux morts (en leur disant « lève-toi ! », et ils se levaient[1]), ce qui nous intéresse ici, c'est que Jésus s'est montré capable de rencontrer les morts, de leur adresser la parole.

Contrairement à Elie qui priait Dieu de ressusciter le défunt, Jésus parlait de sa propre autorité, car Jésus est l'homme-Dieu capable de rejoindre l'homme dans la mort.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient -- et c'est maintenant -- où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront. » (Jn 5, 25)

Une vérité qui évite bien des erreurs théologiques...

Cette vérité permet de résoudre le problème du salut des hommes qui n'ont pas reçu l'Evangile et le baptême durant leur vie.

Nous n'avons pas besoin d'imaginer que le salut est donné à tous sans qu'ils le sachent, au risque de contredire l'Evangile : il suffit de comprendre que la Bonne Nouvelle est encore annoncée à l'heure de la mort et qu'une étape réelle s'y joue.

Bien évidemment, toute notre vie nous y prépare et il ne s'agit pas de vivre en se disant qu'on s'arrangera au dernier moment...

La rencontre du défunt avec le Christ est une vision du Christ glorieux.

« On verra le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. » (Mt 24, 30).

En général, on limite l'interprétation de ce passage à la fin des temps, sans voir qu'il s'agit aussi de notre propre mort, faute de quoi nous serions obligés de comprendre que Jésus se soit trompé en déclarant aussitôt : « En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. » (Mt 24, 34).

Le corps glorieux du Christ laisse transparaître la totalité des pensées de sont cœur.

Celui qui voit Jésus voit donc, en un instant, tout l'Évangile.

C'est une rencontre, un événement où quelque chose change.

Ainsi, la mort a la consistance d'un évènement, mais elle n'est qu'un passage (un passage lucide et déterminant). Le catéchisme dit aussi :

« La mort met fin à la vie de l'homme comme temps ouvert à l'accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ. » (CEC 1021).

Dans cette rencontre, le Christ glorieux est accompagné des saints.

En ce sens, saint Paul prie pour que les croyants soient irréprochables « lors de l'Avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints. » (1Th 3, 13).

Au moment de la mort, qui est notre fin du monde, le Seigneur vient avec les saints, et tous sont disposés à nous accueillir, car la sainteté est paix, joie, douceur, amour... Parmi les saints du ciel, il y a des personnes que nous avons connues et qui nous sont très proches... Leur amour nous attire et nous aide à nous éloigner de l'égoïsme de l'enfer et à choisir le Paradis.

La prière pour les agonisants.

Faustine priait pour les agonisants, et en un sens, elle voyait l'invisible :

"J'accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine. [...] L'âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d'amour, qu'en un instant elle reçoit de Dieu le pardon de ses fautes et de leurs punitions. Elle ne nous donne à l'extérieur, aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures. Oh ! Que la miséricorde divine est insondable.

[...] Mais parfois il y a des âmes d'une telle dureté de cœur, qu'elles choisissent consciemment l'Enfer. Elles font échouer non seulement toutes les prières que d'autres âmes dirigent vers Dieu à leur intention, mais même aussi les efforts divins[2]".

L'Eglise catholique prie la Vierge Marie en lui disant :

« Priez pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen. »


[1] La résurrection du fils de la veuve de Naïm : « Puis, s'approchant, Jésus toucha le cercueil, et les porteurs s'arrêtèrent. Et il dit: "Jeune homme, je te le dis, lève-toi." Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler.» (Lc 7, 14-15,)

La résurrection de la fille de Jaïre : les gens savent que l'enfant est morte (Lc 8, 49. 53) mais Jésus, « prenant sa main, l'appela en disant: "Enfant, lève-toi." Son esprit revint, et elle se leva à l'instant même. » (Luc 8, 54-55, cf. Mc 5, 41-42 et Mt 9, 18-26)

La résurrection de Lazare : « Jésus s'écria d'une voix forte: "Lazare, viens dehors!" Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes... » (Jn 11, 43-44)

[2] Journal de sœur Faustine, Edition Hovine 1985, p. 542.


Françoise Breynaert