L’enfer éternel

L’enfer éternel

L'éternité de l'enfer est un enseignement du Christ :

« Jésus parle souvent de la "géhenne" du "feu qui ne s'éteint pas" (cf. Mt 5,22 5,29 13,42 13,50 Mc 9,43-48), réservé à ceux qui refusent jusqu'à la fin de leur vie de croire et de se convertir, et où peuvent être perdus à la fois l'âme et le corps (cf. Mt 10,28). Jésus annonce en termes graves qu'il "enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d'iniquité..., et les jetteront dans la fournaise ardente" (Mt 13,41-42), et qu'il prononcera la condamnation: "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel!" (Mt 25,41). » (CEC 1034)

La tradition patristique a gardé cet enseignement et dénoncé l'hérésie contraire :

On pourrait citer le concile d'Arles en 473 dans la lettre de soumission du prêtre Lucidus affirme la foi en l'éternité des peines : "Je confesse également que les feux éternels et les flammes de l'enfer sont préparés pour les péchés mortels"[1].

La formule "Fides Damasi" affirme : "Nous sommes dans l'attente que nous attendons de lui, soit la vie éternelle en récompense de notre bon mérite ; soit la peine du supplice éternel pour nos péchés."[2]

Cette doctrine traditionnelle fut réaffirmée au 2° concile de Constantinople : « Si quelqu'un dit ou pense que le châtiment des démons et des impies est temporaire, et qu'il prendra fin après un certain temps, ou bien qu'il y aura restauration des démons et des impies, qu'il soit anathème. »[3]

Au XIX° siècle, certains auteurs romantiques, par exemple Alfred de Vigny, dans "Eloa", 1823, ou Victor Hugo dans "La Fin de Satan", ont rêvé que Satan finirait par être pardonné, mais sans avoir voulu nullement se convertir...

Au XX° siècle, de grands théologiens du XX° siècle, tels que Karl Barth ou Urs von Balthasar, ont laissé entr'ouverte la porte de l'apocatastase, secrète espérance d'une restauration de toute chose « obligeant » en quelque sorte les damnés, les démons et Satan à aimer Dieu et à recevoir son pardon pour entrer dans la félicité du Paradis.

Le magistère rejette une telle doctrine et rappelle l'Evangile :

« L'enseignement de l'Eglise affirme l'existence de l'enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l'enfer, "le feu éternel"[4]. La peine principale de l'enfer consiste en la séparation éternelle d'avec Dieu en qui seul l'homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été crée et auxquels il aspire. » (CEC 1035)

« Les affirmations de la Ecriture et les enseignements de l'Eglise au sujet de l'enfer sont un appel à la responsabilité avec laquelle l'homme doit user de sa liberté en vue de son destin éternel. [...]

"Ignorants du jour et de l'heure, il faut que, suivant l'avertissement du Seigneur, nous restions constamment vigilants pour mériter, quand s'achèvera le cours unique de notre vie terrestre, d'être admis avec lui aux noces et comptés parmi les bénis de Dieu, au lieu d'être, comme de mauvais et paresseux serviteurs, écartés par l'ordre de Dieu vers le feu éternel, vers ces ténèbres du dehors où seront les pleurs et les grincements de dents" (Vatican II, Lumen gentium 48). » (CEC 1036)

« Dieu ne prédestine personne à aller en enfer[5] ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu'à la fin. » (CEC 1037)

Plusieurs apparitions mariales récentes ont rappelé l'existence de Satan (Serpent de la vision de la rue du Bac, 1830), et de l'enfer (Visions de Fatima en 1917), etc.

CEC : catéchisme de l'Eglise catholique (1992).


[1] Denzinger (DS) 342

[2] Denzinger (DS) 72

[3] - Edit de l'empereur Justinien au patriarche Menas de Constantinople, publié au 2° concile de Constantinople de 543. 9° anathématisme contre Origène. (Denzinger 411).

[4] cf. DS 76 409 411 801 858 1002 1351 1575 SPF 12

[5] cf. DS 397 1567


Synthèse F. Breynaert