La gratuité, la dynamique du don

La gratuité, la dynamique du don

La dynamique du don :

Un anthropologue, M. Mauss[1], éclaire le lien entre le don et l'Alliance en analysant un fait socioculturel à partir d'informations recueillies auprès de plusieurs sociétés archaïques.

Il explique qu'il n'y a pas de don sans retour mais cette règle n'engendre ni calcul utilitaire ni un ordre marchand : la matière de l'échange est un opérateur de lien, mais est dépourvu de valeur en soi. L'échange trouve sa mesure dans la démesure.

Les partenaires cherchent non à s'affranchir d'une dette mais à entretenir une Alliance. Il s'agit de « transformer en obligés ceux qui vous sont obligés »[2] au point que « le don non rendu rend encore inférieur celui qui l'a accepté »[3], mais rendre le don n'est pas s'acquitter d'une dette, c'est vraiment un autre don, tout à fait libre, sans calcul ni proportions.

M. Mauss ne tient cependant pas compte du christianisme, qui, en révélant le don de Dieu, permet une gratuité beaucoup plus radicale.

Les sociologues et les théologiens récents, et Benoît XVI, mettent en valeur le don : il est un créateur de lien social ; il est un élément indispensable à la compréhension de l'homme.

"Si le développement économique, social et politique veut être authentiquement humain, il doit prendre en considération le principe de gratuité comme expression de fraternité."

Benoît XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate,

Sur le développement humain intégral dans la charité et dans la vérité. 29 juin 2009, § 34.

La gratuité a une source biblique, et elle est mariale [4]:

"Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l'avais pas reçu ?" (1Corinthiens 4,7)

L'Esprit Saint est donné, il est un don :

"Pierre leur répondit: Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit." (Actes 2,38)

La gratuité est mariale :

Marie est mère de Dieu par grâce, la grâce fait partie de son identité, elle est la pleine de grâce (Lc 1, 28).

"L'ange entra chez elle et lui dit : Réjouis-toi Marie, comblée de grâce !" (Lc 1, 28)

Marie est donc celle qui nous conduit sur le chemin de cette fraternité fondée sur la grâce, c'est-à-dire sur la gratuité.


[1] M. MAUSS, Essai sur le don (1923-1924) dans A.A Sociologie et anthropologie, PUF, 1980, p. 145-279

[2] M. MAUSS, Ibid., p. 200

[3] M. MAUSS, Ibid. p. 258

[4] Cf. F. BREYNAERT, L'arbre de vie, symbole central de la spiritualité de Saint Louis-Marie de Montfort, éditions Paroles et silence 2006, p. 165


F. Breynaert