Eviter la catastrophe, revenir au réel

Eviter la catastrophe, revenir au réel

Paul H. Dembiski, né à Cracovie en 1955 est un économiste qui enseigne à Cracovie et à Paris. Il a suscité la création de l'observatoire de la finance à Genève[1] avec pour mission la prise en compte du bien commun dans les activités financières.

Ce qu'il nous dit met en lumière l'étonnante actualité du charpentier de Nazareth : dans le silence de son atelier, donne l'exemple du choix d'un travail en prise directe avec les besoins humains, il enseigne à notre monde, si virtuel, la primauté du réel.

Quand l'homme perd son ancrage dans le réel

Dans le développement du capitalisme, Sombart [2] distingue deux étapes :

- Le capitalisme naissant où les possibilités de jouissance personnelle fixent les limites de la rémunération recherchée. L'activité économique a encore un rapport avec les besoins du propriétaire.

- Le capitalisme mature perd tout ancrage avec le réel. La rémunération du capital est recherchée en tant que telle. L'activité économique s'exprime en terme de rendement de la somme immobilisée. La perspective de rémunération est techniquement infinie.

Ainsi, la finance moderne propose un infini.

La maîtrise (?) du risque change le statut existentiel

De plus, la maîtrise du risque est au cœur de la promesse de la finance moderne. Théoriquement, le risque est quantifié, maîtrisé et compensé.

La possibilité de couvrir le risque conduit parfois à la déresponsabilisation de certains acteurs.

La vie humaine normale est vécue sur un horizon de risque, et nous sommes mortels. La finance moderne le fait oublier.

Une double séduction

La finance propose une sorte d'infini : un rendement financier illimité.

La finance masque les angoisses existentielles liées à nos finitudes.

Comment éviter la double catastrophe, financière et anthropologique ?

Gardons la distinction entre les fins et les moyens. Il ne s'agit pas de vivre dans un monde sans finance mais de soumettre les dynamiques financières aux besoins réels de l'homme et de la société.



[1]L'observatoire de la finance publie la revue : Finance and the common Good / bien commun. https://www.obsfin.ch/

[2] Sombart, Werner, Le Bourgois, Contribution à l'histoire morale et intellectuelle de l'homme économique moderne, Payot, Paris 1966.


Cf. Paul H Dembiski : La financiarisation : entre angoisse et séduction, dans Sous la direction de : Paul H. Dembinski, Nicolat Buttet, Ernesto Rossi di Montelera, Car c'est de l'homme dont il s'agit, Parole et Silence, DDB 2007., p. 267 - 286, résumé par F. Breynaert.

Chapitre : Le travail et les biens extérieurs