Raison pratique et Sagesse divine

Raison pratique et Sagesse divine

Parler de la complexité humaine nous amène à parler de l'autonomie pratique de la loi morale. Il faut écouter Dieu qui parle dans notre conscience, dans notre subjectivité.

Mais gardons aussi l'autre aspect : la raison naturelle qui parle dans nos consciences découle de la Sagesse divine, et cette Sagesse nous est donnée objectivement. Jean Paul II nous l'explique :

« L'enseignement du Concile souligne, d'un côté, le rôle rempli par la raison humaine pour la détermination et pour l'application de la loi morale : la vie morale suppose de la part de la personne créativité et ingéniosité, car elle est source et cause de ses actes délibérés.

D'un autre côté, la raison puise sa part de vérité et son autorité dans la Loi éternelle qui n'est autre que la Sagesse divine elle-même[1]. A la base de la vie morale, il y a donc le principe d'une "juste autonomie"[2] de l'homme, sujet personnel de ses actes. La loi morale vient de Dieu et trouve toujours en lui sa source : à cause de la raison naturelle qui découle de la Sagesse divine, elle est, en même temps, la loi propre de l'homme. En effet, la loi naturelle, comme on l'a vu, "n'est rien d'autre que la lumière de l'intelligence mise en nous par Dieu. Grâce à elle, nous savons ce que nous devons faire et ce que nous devons éviter. Cette lumière et cette loi, Dieu les a données par la création "[3]. La juste autonomie de la raison pratique signifie que l'homme possède en lui-même sa loi, reçue du Créateur.

Toutefois, l'autonomie de la raison ne peut pas signifier la création des valeurs et des normes morales par la raison elle- même[4]. Si cette autonomie impliquait la négation de la participation de la raison pratique à la sagesse du Créateur et divin Législateur, ou bien si elle suggérait une liberté créatrice des normes morales en fonction des contingences historiques ou de la diversité des sociétés et des cultures, une telle prétention d'autonomie contredirait l'enseignement de l'Eglise sur la vérité de l'homme[5]. Ce serait la mort de la liberté véritable : "Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort" (Gn 2,17). »


[1] Cf. s. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I-II 93,3, ad 2, cit, par Jean XXIII, encycl. Pacem in terris (11 avril 1963) : AAS 55 (1963), p. 271.

[2] Vatican II, Gaudium et Spes 41.

[3] S. Thomas d'Aquin, In duo praecepta caritatis et in decem legis praecepta. Prologus : Opuscula theologica, II, n. 1129, Turin, Marietti (1954), p. 245.

[4] Cf. Discours à un groupe d'évêques des états-Unis d'Amérique à l'occasion de leur visite ad limina (15 octobre 1988), n. 6 : Insegnamenti, XI, 3 (1988), p. 1228

[5] Vatican II, Gaudium et Spes 47


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