Marie et Joseph, éducateurs du Fils de Dieu (Jean Paul II)

La maternité de Marie ne s'arrête pas à l'enfantement:

Bien qu'ayant été réalisée par l'opération de l'Esprit Saint et d'une Mère Vierge, la naissance de Jésus, comme celle de tous les hommes, a connu les étapes de la conception, de la grossesse et de l'accouchement.

En outre, la maternité de Marie ne s'est pas seulement limitée au processus biologique de la naissance, mais, comme pour toute autre mère, elle a également apporté une contribution essentielle à la croissance et au développement de son fils. La Mère n'est pas seulement la femme qui donne le jour à un enfant, mais également celle qui l'élève et l'éduque; nous pouvons même dire que le devoir d'éducation est, selon le plan divin, le prolongement naturel de la procréation.

Marie est la Theotokos, non seulement parce qu'elle a engendré et mis au monde le Fils de Dieu, mais également parce qu'elle l'a accompagné dans sa croissance humaine.

Jésus, tout en étant Dieu, a eu besoin d'éducation, et il fut docile:

On pourrait penser que Jésus portant en soi la plénitude de la divinité, n'aie pas eu besoin d'éducateurs. Mais le Mystère de l'Incarnation nous révèle que le Fils de Dieu est venu dans le monde dans une condition humaine tout à fait semblable à la nôtre, hormis le péché (cf. He 4, 15). Comme pour chaque être humain, la croissance de Jésus, de l'enfance à l'âge adulte (cf. Lc 2, 40) a eu besoin de l'action éducative des parents.

L'Évangile de Luc, particulièrement attentif à la période de l'enfance, rapporte qu'à Nazareth, Jésus était soumis à Joseph et à Marie (cf. Lc 2, 51). Cette dépendance nous montre Jésus disposé à recevoir, ouvert à l'œuvre éducative de sa mère et de Joseph, qui exerçaient leur devoir également en vertu de la docilité qu'il manifestait de façon constante.

Marie est une éducatrice et un exemple d'amour:

Les dons particuliers dont Dieu avait comblé Marie, la rendaient particulièrement apte à accomplir le devoir de mère et d'éducatrice.

Dans les circonstances concrètes de la vie quotidienne, Jésus pouvait trouver en elle un modèle à suivre et à imiter, ainsi qu'un exemple d'amour parfait envers Marie, Jésus pouvait compter sur la figure paternelle de Joseph, homme juste (cf. Mt 1, 19), qui assurait l'équilibre nécessaire de l'action éducative.

Joseph, homme juste, insère Jésus dans le monde du travail et la vie sociale:

En exerçant la fonction de père, Joseph a coopéré avec son épouse pour faire de la maison de Nazareth un milieu favorable à la croissance et à la maturation personnelle du Sauveur de l'humanité. En l'initiant, par la suite, au dur métier de charpentier, Joseph a permis à Jésus de s'insérer dans le monde du travail et dans la vie sociale.

Avec Joseph, Marie introduit Jésus dans l'histoire de l'Israël:

Les quelques éléments qu'offre l'Evangile ne nous permettent pas de connaître et d'évaluer complètement les modalités de l'action pédagogique de Marie envers son Fils divin. Il est certain que c'est elle, avec Joseph, qui a introduit Jésus aux rites et aux prescriptions de Moïse, à la prière au Dieu de l'Alliance à travers l'utilisation des Psaumes, et à l'histoire du peuple d'Israël centrée sur l'exode de l'Egypte.

C'est d'elle et de Joseph que Jésus a appris à fréquenter la synagogue et à accomplir le pèlerinage annuel à Jérusalem lors de la Pâque. En considérant les résultats, nous pouvons certainement déduire que l'œuvre éducative de Marie a été très incisive et profonde et a trouvé dans la psychologie humaine de Jésus un terrain très fertile.

Marie se distingue des autres mamans, car elle est aussi disciple de Jésus son fils :

Le devoir éducatif de Marie, à l'égard d'un fils aussi singulier, présente certaines particularités par rapport au rôle des autres mères. Elle n'a fait qu'assurer les conditions favorables pour que puissent s'épanouir les dynamismes et les valeurs essentielles d'une croissance, que le fils portait déjà en lui.

Par exemple, l'absence, chez Jésus de toute forme de péché, exigeait de Marie une orientation toujours positive excluant toute correction à son égard. De plus, si c'est la mère qui a introduit Jésus à la culture et aux traditions du peuple d'Israël, c'est Lui qui a révélé, dès l'épisode des retrouvailles au temple, la pleine conscience d'être le Fils de Dieu, envoyé pour faire rayonner la vérité dans le monde, en suivant exclusivement la volonté du Père.

De « maîtresse » de son fils, Marie devient ainsi l'humble disciple du Maître divin qu'elle a engendré.

Cela n'enlève rien à la grandeur du devoir de la Mère Vierge: de l'enfance à l'âge adulte, elle a aidé son fils Jésus à croître «en sagesse, en taille et en grâce » (Lc 2, 52) et à se former en vue de sa mission.

Marie et Joseph se distinguent ainsi comme des modèles pour tous les éducateurs.

Ils les soutiennent dans les difficultés importantes que rencontre aujourd'hui la famille et leur montre le chemin en vue d'une formation incisive et efficace des enfants.

Leur expérience d'éducateurs constitue un point de référence sûr pour les parents chrétiens appelés, dans des conditions toujours plus complexes et difficiles, à se mettre au service du développement intégral de la personnalité de leurs enfants, afin qu'ils mènent une existence digne de l'homme et qui corresponde au projet de Dieu.


 

Jean-Paul II, audience du 4 décembre 1996