Le roi Josias et la rédaction du Deutéronome (Dt)

Josias et le Deutéronome

Contexte historique:

Après la chute de Samarie (en l'an - 721), cinq peuplades païennes furent installées de force dans le royaume du nord. Les fugitifs juifs ont rapatriés au sud les théologies du Nord (la geste d'Elie et d'Elisée, Amos et Osée).

Puis le royaume du Sud a reconquis le Nord avec le roi Ezéquias puis avec le roi Josias.

Le roi Josias fait une réforme caractérisée surtout par l'unicité du lieu de culte à Jérusalem. Cette réforme a été accompagnée de massacres que l'on cherche à justifier par les guerres de David ou Elie massacrant les prophètes de Baal... La valeur de la réforme de Josias ne se situe pas dans cette violence mais ailleurs, dans ce qui permettra de peuple de passer l'épreuve de l'exil : la théologie du mémorial.

Le livre du Deutéronome est surtout rédigé à cette époque, il fait une synthèse extraordinaire:

  • des prophéties du nord : la proximité amoureuse de Dieu (Osée), l'insistance sur la fraternité et la justice (Amos).

  • et des prophéties du sud : YHWH règne sur toute la terre, la sainteté de Dieu révèle à la fois notre vocation et notre péché...(le premier Isaïe).

Revient sans cesse l'interpellation de Dieu « Écoute ! » (Dt 6,4) comme une brûlure...

Israël a vocation de répondre à l'amour par l'amour :

« Tu aimeras YHWH ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. »

(Dt 6,5)

On trouve dans le Deutéronome le thème de l'élection d'Israël, élu par amour et pour toutes les générations (Dt 7,7-8) dans la liberté de la réponse (Dt 29 et 30).

Israël est invité à vivre et à transmettre à ses fils l'appel de Dieu (Dt 6,7), le décalogue (Dt 5,6-21), la fraternité et le respect du pauvre... (Dt 24,10), la liturgie.

Josias a parlé en termes de donnant-donnant :

« Si tu écoutes... ton Dieu te bénira », « Si ton cœur se détourne... vous périrez certainement... », « Choisis donc la vie... »

(Dt 30,15-20)

Le peuple en exil tirera les conséquences de cette logique : si un tel malheur arrive peu après la réforme, c'est donc que nous payons la faute de nos pères, ou bien il faut reconnaître humblement que nous sommes infiniment pécheurs, ou encore... que ce Dieu n'existe pas.

A moins, dans la ligne d'Isaïe, de refuser d'attribuer à Dieu une logique trop simple et d'accepter que l'amour nous conduise par des chemins déconcertants.

La théologie du Deutéronome, c'est surtout le Mémorial qui fait entrer dans l'éternel présent de Dieu : « Aujourd'hui » est dit 70 fois ! Israël est dans l'éternel présent de son amour. Le dessein de Dieu fait craquer l'histoire, comme si le temps n'existait pas. L'événement du Sinaï est passé, mais il est aussi présent et avenir, promesse.

Les événements présents, sont « ce qui arrive » au sens banal ; mais l'évènement du Sinaï est présent en eux, et l'Alliance au Sinaï en montre les enjeux ; enfin, les évènements présents ne peuvent pas se limiter dans ce qu'ils manifestent maintenant.

Bref,

Dieu nous aime aujourd'hui avec le même amour dont il a aimé nos pères pendant l'Exode.

« Ce n'est pas avec nos Pères que YHWH a conclu cette alliance mais avec nous, nous-mêmes qui sommes aujourd'hui tous vivants. »

(Dt 5 ,3)

Ce que Dieu fait pour nous est donc plus mystérieux que les retombées que l'on en perçoit.

« Tu sauras donc que YHWH ton Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l'aiment et gardent ses commandements, mais qui punit en leur propre personne ceux qui le haïssent. Il fait périr sans délai celui qui le hait, et c'est en sa propre personne qu'il le punit. »

(Dt 7, 9-10)

C'est l'Amour que Dieu nous porte qui donne à nos actes une telle portée. Ce que je fais, joué en Dieu, situé dans une relation à Dieu a des conséquences qui me dépassent. C'est ce qui deviendra la théologie de la communion des saints.

Jérusalem tombe aux mains de Nabuchodonosor roi de Babylone en 587. Alors qu'il n'y a aucune trace des exilés du royaume du nord déportés par l'Assyrie, les exilés à Babylone garderont la foi, la compréhension du mémorial y est pour beaucoup.


Bibliographie

A.AVIONA, La Bible par les cartes, Brepols, 1991

Cahier de l'Evangile n°23, Isa?e 1-39, Cerf

Cahier de l'Evangile n°63, le Deutéronome, Cerf

Françoise Breynaert

Lire en application : Marie et le Sh'ma Israël