L'annonce de la Bonne Nouvelle aux morts (1 P 3-4)

Même aux morts il a annoncé la Bonne Nouvelle (1P 3-4)

La Bonne Nouvelle que le Christ annonce aux morts nous encourage à prier pour les défunts : en effet, à l'heure de la mort se joue une rencontre, un évènement dense de signification.

De plus, sans la clarté doctrinale sur la prédication du Christ aux défunts, la conscience que Dieu est amour et veut sauver tous les hommes conduit à imaginer que les hommes sont des chrétiens qui s'ignorent, sauvés sans le savoir, par un vague contact avec un "Verbe" dont on se demande à quoi il a servi qu'il s'incarne de la Vierge Marie.

Cette page sur la prédication du Christ aux défunts permet donc à notre site de présenter les autres religions (et "Marie dans les autres religions") sans escamoter les différences ni le fait que Jésus soit Le Rédempteur. En effet, nous savons que les non-chrétiens ne sont pas exclus du salut car la Bonne Nouvelle est encore annoncée par le Christ à l'heure de la mort et si leurs oeuvres sont bonnes, ils iront alors à la lumière (Jn 3, 20-21).

Prenons les choses dans le contexte de la lettre de saint Pierre.

Saint Pierre exhorte à savoir souffrir pour la justice « Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu'en faisant le mal. » (1P3, 17), et que c'est en souffrant dans la chair que le Christ nous donne de pouvoir vivre selon le vouloir divin (1P 4, 1-2).

Ce thème de la souffrance pour la justice encadre un enseignement sur la prédication de Jésus aux morts.

« 3. ...Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu'en faisant le mal. 18 Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l'esprit. 19 C'est en lui qu'il s'en alla même prêcher aux esprits en prison, 20 à ceux qui jadis avaient refusé de croire lorsque temporisait la longanimité de Dieu, aux jours où Noé construisait l'Arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l'eau.

21 Ce qui y correspond, c'est le baptême qui vous sauve à présent et qui n'est pas l'enlèvement d'une souillure charnelle, mais l'engagement à Dieu d'une bonne conscience par la résurrection de Jésus Christ, 22 lui qui, passé au ciel, est à la droite de Dieu, après s'être soumis les Anges, les Dominations et les Puissances. 1

4.1. Le Christ ayant donc souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de cette même pensée, à savoir: celui qui a souffert dans la chair a rompu avec le péché, 2 pour passer le temps qui reste à vivre dans la chair, non plus selon les passions humaines, mais selon le vouloir divin. 3 Il suffit bien en effet d'avoir accompli dans le passé la volonté des païens, en se prêtant aux débauches, aux passions, aux saouleries, orgies, beuveries, au culte illicite des idoles. 4 A ce sujet, ils jugent étrange que vous ne couriez pas avec eux vers ce torrent de perdition, et ils se répandent en outrages. 5 Ils en rendront compte à celui qui est prêt à juger vivants et morts. 6 C'est pour cela, en effet, que même aux morts a été annoncée la Bonne Nouvelle, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu dans l'esprit. » (1Pierre 3, 18 -- 4, 6)

Ce texte évoque clairement une prédication de Jésus aux défunts, qui dans le langage juif sont « des esprits en prison » (1P 3, 19), les mauvais qui ont péri au temps du déluge (1P 3, 20) ou les morts en général (1P 4, 6).

La prédication de Jésus est éminemment active, c'est un travail de libération et de salut :

« Il est allé évangéliser même les morts, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils vivent selon Dieu par l'Esprit. » (1P 4, 6).

Il y a aussi l'image de l'eau du déluge, une image qui permet de parler du baptême :

« Ce qui y correspond, c'est le baptême qui vous sauve » (1P 3, 21).

Le lien avec le baptême de la prédication de Jésus aux morts est cependant plus profond que la continuité des images : ce lien englobe l'exorcisme (qui fait partie du baptême) évoqué par la domination de Jésus sur les Anges, Dominations et Puissances, il s'agit d'une libération du péché.

La domination du Christ sur les puissances adverses ne signifie pas que les âmes des défunts soient passives. De même qu'il existe un réel combat spirituel des baptisés pour vivre « selon le vouloir divin » (1P 4, 2), de même doit-on penser qu'il existe aussi un tel combat à l'heure de la mort pour vivre « selon Dieu dans l'esprit » (1P 4, 6).

Les hommes « mauvais » qui morts au temps du « déluge » sont visités par le Christ dans la mort : ils peuvent alors être sauvés, ils ne le sont pas automatiquement, ils sont simplement placés dans des conditions de liberté et de connaissance du salut. Dieu est juste.

C'est un enseignement essentiel pour comprendre la possibilité du salut des non-chrétien.

Le texte de saint Pierre a été repris par le catéchisme de l'Eglise catholique :

« "La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts..." (1P 4,6).

La descente aux enfers est l'accomplissement, jusqu'à la plénitude, de l'annonce évangélique du salut.

Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d'extension de l'œuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption. » (CEC 634)

Pour recevoir le salut éternel, il est nécessaire d'invoquer le Christ, et on ne peut pas l'invoquer sans adhérer à lui par la foi et l'amour, et on ne peut pas croire sans d'abord l'entendre, sans d'abord recevoir une prédication (Rm 10, 13-14). Jésus est le Rédempteur, il est apparu pour détruire les œuvres du diable (1Jean 3, 8). La déclaration Dominus Jesus de la Congrégation pour la Doctrine de la foi « sur l'unicité et l'universalité salvifique de Jésus-Christ » (6 août 2000) a réaffirmé que c'est par Jésus seul que l'homme - que tout homme- est sauvé.

C'est la prédication du Christ aux défunts qui permet de comprendre que tous les hommes peuvent recevoir le salut[1].


[1] Vatican II, Lumen gentium 16 et Gaudium et Spes 22


Synthèse F. Breynaert

Extrait· Breynaert Françoise, La prédication du Christ aux défunts, nouveau paradigme pour la théologie des religions, Salvator, Paris 2012-3. (Préface Mgr Minnerath).