Le Messie roi et prêtre (Ps 109/110)

Psaume 109 (110): Le Messie, roi et prêtre (Jean Paul II)

Le psaume a trois étapes d’interprétation :

1- « un chant royal de David », dans le contexte historique de la royauté en Israël.

2- « un Psaume messianique » dans « la tradition juive ».

3- un psaume « appliqué au Christ ».

Un oracle adressé par Dieu, lors d'un rite d'intronisation du roi [1]

Nous pouvons nettement distinguer deux parties dans celui-ci.

La première (cf. vv. 1-3) contient un oracle adressé par Dieu à celui que le Psalmiste appelle "mon Seigneur"; c'est-à-dire au souverain de Jérusalem. L'oracle proclame l'intronisation du descendant de David "à la droite" de Dieu. En effet, le Seigneur s'adresse à Lui en disant: "Siège à ma droite" (v. 1). Il s'agit vraisemblablement ici de la mention d'un rituel, selon lequel on faisait s'asseoir l'élu à la droite de l'arche de l'alliance, de façon à recevoir du roi suprême d'Israël, c'est-à-dire du Seigneur, le pouvoir de gouverner.

"Siège à ma droite, que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds!" (Ps 110, 1)

En arrière-plan, on perçoit la présence de forces hostiles, cependant neutralisées par une conquête victorieuse: les ennemis sont représentés aux pieds du souverain, qui avance solennellement parmi eux en tenant le sceptre de son autorité (cf. vv. 1-2). Il s'agit certainement du reflet d'une situation politique concrète, qui avait lieu dans les moments de passage du pouvoir d'un roi à l'autre, qui étaient à l'origine de la rébellion de certains subalternes ou de tentatives de conquêtes.

Mais désormais, le texte renvoie à une sorte d'opposition de caractère général entre le projet de Dieu, qui agit à travers son élu, et les desseins de ceux qui voudraient affirmer un pouvoir hostile et opprimant. On se trouve donc face à l'éternel conflit entre le bien et le mal, qui se déroule au sein d'événements historiques, à travers lesquels Dieu se manifeste et nous parle.

"Comme la rosée qui nait de l'aurore, aujourd'hui, je tai engendré" (Ps 109 (110), 3) [2]

Le souvenir de la "génération" divine du roi faisait partie du protocole officiel de son couronnement, et assumait pour Israël une valeur symbolique d'investiture et de protection, le roi étant le lieutenant de Dieu dans la défense de la justice (cf. Ps 109 (110), 3).

Naturellement, dans la relecture chrétienne, la "génération" divine devient réelle et présente Jésus Christ comme le véritable Fils de Dieu.

C'est ce qui avait eu lieu dans un autre psaume royal et messianique célèbre, le second du Psautier, où l'on lit cet oracle divin: "Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré" (Ps 2, 7).

Cet oracle est repris plusieurs fois dans le Nouveau testament pour célébrer le caractère messianique de Jésus (cf. Mt 22, 44; 26, 64; Ac 2, 34-35; 1 Co 15, 25-27; He 1, 13). Le Christ lui-même, face au souverain prêtre et au Sanhédrin juif, fera une référence explicite à notre Psaume, se proclamant désormais "siégeant à la droite de la Puissance" divine, précisément comme il est dit dans le Psaume 109, 1 (Mc 14, 62; cf. 12, 36-37).

"Tu es prêtre à jamais, selon l'ordre de Melchisedech" (Ps 109, 4) [2]

Le roi, dans l'antiquité, accomplissait également des fonctions cultuelles, non pas en vertu de la lignée du sacerdoce lévitique, mais d'une autre relation: celle du sacerdoce de Melchisédech; le roi-prêtre de Shalem, la Jérusalem pré-israélite (cf. Gn 14, 17-20).

Dans la perspective chrétienne, le Messie devient le modèle d'un sacerdoce parfait et suprême. L'Epitre aux Hébreux exaltera, dans sa partie centrale, ce ministère sacerdotal "à la manière de Melchisédech" (5, 10), le voyant incarné en plénitude dans la personne du Christ.


(1) Jean Paul II, audience générale du mercredi 26 novembre 2003

(2) Jean Paul II, audience du mercredi 18 août 2004

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