Le dialogue de Marie et Jésus (Jn 2, 3-4)

Jn 2,4 : Quand il faut grandir dans la foi (A. Serra)

« Le troisième jour il y eut des noces à Cana en Galilée et la mère de Jésus était là. Jésus aussi fut aussi invité avec ses disciples. Comme le vin manquait, la mère de Jésus lui dit : « Il n’ont plus de vin ».
4 Jésus lui répondit : « Femme, Qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue »

(Jn 2,1-4)

Méditons la parole de Jésus à Marie : « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? »

Nous avons quinze fois une expression analogue dans l’Ancien Testament, et cinq fois dans le Nouveau Testament. Citons par exemple :

« Après ces événements, il arriva que le fils de la maîtresse de maison tomba malade, et sa maladie fut si violente qu’enfin il expira. Alors elle dit à Elie: "Qu’ai-je à faire avec toi, homme de Dieu? Tu es donc venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils!" »

(1Rois 17,17-18)

Le sens habituel de l'expression signifie une différence de vue, une disparité.

A Cana, il y a en effet une différence de niveau :

Marie se préoccupe du vin matériel.

Jésus pense à son heure et au vin comme symbole de sa Parole révélatrice.

En d’autres passages, Jésus passe aussi des réalités matérielles à une réalité figurée, c’était une méthode des maîtres d’Israël. Par exemple:

- Détruisez ce temple et je le rebâtirai, lui parlait du temple de son corps (Jn 2,19-22),
- Nicodème pense que Jésus parle d’une naissance matérielle mais Jésus parle de la naissance d’eau et d’esprit (Jn 3),
- La Samaritaine pense à l’eau du puits, Jésus pense à l’eau de la Parole de Dieu et de son Esprit (Jn 4).

Quand Jésus parle ainsi, ces auditeurs ne comprennent pas et le discours doit être explicité.


On peut donc penser qu’à ce moment précis Marie ne comprend pas, elle ignore le projet de Dieu. Elle se remet complètement à la volonté de Jésus qui est inconnue et dit au serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira », tel est son acte de foi.


Quand Jésus stimule ainsi la foi, il veut élever l’autre à un niveau plus élevé. Marie accepte, elle se laisse faire.

Dans l’Evangile de Jean, la mère de Jésus est la première à être ainsi formée par le Christ : ensuite, le centurion lui aussi sera exaucé au-delà de sa demande, l’enfant guérit et toute la famille devient croyante (Jn 4,53), Marthe et Marie seront exaucées au-delà de leur demande, Lazare sera ressuscité et non seulement guéri (Jn 11).


A Cana comme dans les autres cas l’attitude de Jésus et son commandement de Jésus déroute mais en obéissant, advient la surprise.


A. Serra et F. Breynaert

Bibliographie :

A. SERRA, Marie à Cana et près de la croix, Cerf, 1983 : Existe en portugais et en Italien

A.SERRA, Infaillibile la preghiera ? in via, Verità e vita, n° 172, marzo-aprile 1999, pp. 12-15

A. SERRA, Maria di Nazaret, una fede in cammino, San Paolo 1993

Repris dans : F. BREYNAERT, A l'écoute de Marie, tome 1, préface Mgr Rey, Brive 2007, (diffusion Médiapaul) p. 166-168