Le recouvrement de Jésus au Temple selon saint Jean-Paul II (1997)

Lc 2, 41-52 : Vue d'ensemble (Jean Paul II)

L'évangéliste Luc présente l'épisode du pèlerinage de Jésus adolescent au Temple de Jérusalem, comme dernier épisode des récits de l'enfance, avant le début de la prédication de Jean le Baptiste.

Il s'agit d'une circonstance particulière qui met en lumière les longues années de la vie cachée à Nazareth.

Jésus et sa mission

A cette occasion, Jésus révèle avec sa forte personnalité la conscience de sa mission, conférant à cette seconde « entrée » dans la «maison du Père» la signification d'un don complet à Dieu, qui avait déjà caractérisé sa présentation au Temple.

Ce passage semble contraster avec la remarque de Luc, qui présente Jésus comme étant soumis à Joseph et à Marie (cf. 2, 51). Mais, à tout bien considérer, il semble ici se mettre en opposition de façon consciente et presque voulue avec sa condition normale de fils, faisant apparaître à l'improviste une nette séparation avec Marie et Joseph. Jésus déclare, comme règle de son comportement, n'assumer que son appartenance au Père et non les liens familiaux terrestres.

Une anticipation du mystère pascal

Durant les trois journées dramatiques où son Fils échappe à leur contrôle pour rester dans le Temple, Marie vit avec Joseph l'anticipation du triduum de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.

En laissant partir sa Mère et Joseph pour la Galilée sans leur parler de son intention de rester à Jérusalem. Jésus les introduit dans le mystère de cette souffrance qui mène à la joie, anticipant ce qu'il devait accomplir ensuite avec les disciples à travers l'annonce de sa Pâque.

Selon le récit de Luc, au cours du voyage de retour vers Nazareth, Marie et Joseph, après une journée de route, inquiets et angoissés par le sort du jeune Jésus, le cherchent en vain chez leurs parents et leurs amis. Revenus à Jérusalem et l'ayant retrouvé dans le Temple, ils restent émerveillés, car ils le voient «assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant» (Lc 2, 46).

Sa conduite apparaît très différente de celle qu'il a habituellement. Et le fait de le retrouver le troisième jour constitue certainement pour ses parents la découverte d'un autre aspect relatif à sa personne et à sa mission.

Jésus se révèle comme Sagesse

Il assume le rôle du maître, comme il le fera plus tard dans la vie publique, en prononçant des paroles qui suscitent l'admiration:

«Tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses»

(Lc2, 47)

En révélant une sagesse qui émerveille ses auditeurs, il commence à pratiquer l'art du dialogue, qui sera une caractéristique de sa mission salvifique.

Sa mère demande à Jésus:

«Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi nous te cherchons, angoissés »

(Lc 2, 48)

L'on pourrait ici recueillir l'écho des « pourquoi » de tant de mères face aux souffrances que leur procurent leurs enfants, ainsi que des interrogations qui naissent dans le cœur de chaque homme dans les moments d'épreuve.

La réponse de Jésus, sous forme interrogative, est riche de signification :

« Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? »

(Lc 2, 49)

A travers cette expression, il dévoile de façon inattendue et imprévue, à Marie et à Joseph, le mystère de sa Personne, les invitant à dépasser les apparences et leur ouvrant des perspectives nouvelles sur son avenir. Dans la réponse à sa Mère angoissée, le Fils révèle immédiatement le motif de son comportement. Marie avait dit « Ton père », en désignant Joseph ; Jésus répond : « Mon Père », en désignant le Père céleste.

En se référant à son ascendance divine, Il ne veut pas tellement affirmer que le Temple, maison du Père, est le « lieu » naturel de sa présence, mais plutôt qu'Il doit s'occuper de tout ce qui concerne le Père et son dessein. Il entend affirmer que seule la volonté du Père est la règle qui conditionne son obéissance.

Cette référence à son dévouement total au projet de Dieu est soulignée dans le texte évangélique par l'expression verbale «il est nécessaire», qui apparaîtra, ensuite, dans l'annonce de la Passion (cf. Mc 8, 31). Il est donc demandé à ses parents de le laisser partir pour accomplir sa mission, là où le conduit la volonté du Père céleste.

L'Évangéliste commente :

« Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire »

(Lc 2, 50)

Marie et Joseph ne comprennent pas le contenu de sa réponse, ni la façon qui semble avoir l'apparence d'un refus, avec laquelle Il réagit à leur inquiétude de parents.

A travers cette attitude, Jésus veut révéler les aspects mystérieux de son intimité avec le Père ; les aspects dont Marie a l'intuition sans savoir cependant les relier à l'épreuve qu'elle traverse.

Les paroles de Luc nous permettent de connaître la façon dont Marie vit dans son être profond cet épisode véritablement singulier:

Elle « gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur »

(Lc 2, 51)

La Mère de Jésus relie les événements au mystère du Fils qui lui a été révélé lors de l'Annonciation, et elle les approfondit dans le silence de la contemplation, en offrant sa collaboration dans l'esprit d'un «fiat» renouvelé.

C'est ainsi que commence le premier anneau d'une chaîne d'événements qui conduira Marie à dépasser progressivement le rôle naturel qui découle de la maternité, pour se placer au service de la mission de son Fils divin.

Dans le temple de Jérusalem, lors de ce prélude à sa mission salvifique, Jésus associe sa Mère à Lui ; Elle ne sera plus seulement celle qui l'a engendré, mais la femme qui, par sa propre obéissance au dessein du Père, pourra collaborer au mystère de la Rédemption.

Et ainsi Marie, gardant dans son cœur un événement si riche de signification, parvient à une nouvelle dimension de sa coopération au salut.


4&tx_ifglossaire_list%5Bglossaire%5D=295&tx_ifglossaire_list%5Baction%5D=details&tx_ifglossaire_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Disciple puis apôtre du Seigneur Jésus, il est témoin de sa transfigurat..." class="definition_texte">Jean Paul II, audience du mercredi 15 janvier 1997