Structure et sens du récit

Lc 2, 41-52, Analyse complète du récit : aller au cœur du message

Le cadre

En commençant par le cadre du passage, on remarque tout de suite le parallélisme entre le début (verset 40) et la fin (verset 52) : il s’agit de Jésus qui grandit en sagesse ou en grâce.

La progression

Dans les vv.41-42 le sujet des verbes ce sont les parents ["ils se rendaient à Jérusalem"… "ils montèrent"]. Au verset 43 commence à émerger de manière plutôt nette la figure de Jésus. On ne dit pas que les parents perdirent l’enfant mais que Jésus resta à Jérusalem, mais au verset 51 le sujet est l’enfant [il partit avec eux et il redescendit à Nazareth"].

Le coeur du message

Les vv. 46-47, selon certains auteurs comme Bultmann et De Jonge, seraient le centre du passage.[1]

Tout en jugeant cette position unilatérale et excessive, nous pensons que la révélation de la sagesse de Jésus est un des deux points fondamentaux du texte :

Il y deux centres d’intérêt, respectivement l’épisode de la Sagesse de Jésus au milieu des docteurs (Lc 2, 46) et son auto-révélation comme Fils du Père (Lc 2, 49). Les deux scènes ne sont pas simplement juxtaposées, mais coordonnées et interdépendantes. Le verset 46, en montrant l’intelligence exceptionnelle de l’enfant, prépare la manifestation suprême de cette Sagesse au verset 49, quand il soulèvera le voile sur son identité de Fils de Dieu. D’autre part, c’est vraiment cette condition de Fils qui est à l’origine de l’intelligence de l’enfant - supérieur aux docteurs de la loi, il a une sagesse plus grande que celle de Salomon (cf. Lc 11,31). [2]

En Lc 2,41-51 il y aurait un schéma de révélation, articulé en trois moments: la montée sur un endroit élevé, la révélation et ensuite la descente, un schéma qui n’est pas rare dans l’Écriture :

« En observant le début et la fin du récit, nous pouvons y lire un événement de révélation de Dieu qui comme la révélation sur le mont Sinaï commence par une montée (Lc 2, 42) et s’achève par une descente (Lc 2, 51).

Au temple, situé sur la montagne du Seigneur, Jésus révèle sa sagesse en dialoguant avec les docteurs de la loi, et il affirme sa filiation divine en laissant entendre une certaine autonomie par rapport à sa famille terrestre. » [3]

La finale (Lc 2, 50-51)

La finale souligne le paradoxe du Fils de Dieu - qui dépend simplement du Père - qui revient à une vie d’obéissance à ses parents terrestres : il se soumet à des gens qui ne peuvent pas comprendre le mystère profond de son être ni les exigences radicales du Père.

L’anomalie est inscrite dans le verset 51 dont le sujet est vraiment cet enfant. On retourne à Nazareth, mais c’est Jésus qui le veut.


Notes :

[1] Cf. J.H. DE JONGE, Sonship, Wisdom, Infancy: Lk 2,41 -51a, NTS 24 (1977- 78)

[2] Cf. R. LAURENTIN, Structure et théologie de Lc 1-2, Paris 1956

[3] A. SERRA, articolo Bibbia, in Nuovo Dizionario di Mariologia, a cura di Stefano de Fiores e Salvatore Meo, ed. Paoline, Milano 1985, quarta stampa 1996, p.241


A. VALENTINI

A.VALENTINI, Approcci esegetici a Lc 2, 41-52,

In “Theotokos”* anno VI, 1998, n°2, p. 337-374.

[*Rivista Theotokos, via Predestina 1391 – 00010 Colle Predestino (RM).]