L'adoration des mages annoncée par le prophète Isaïe (Is 60)

Isaïe 60, Marie et l'unité selon saint Matthieu

Saint Matthieu raconte l'adoration des Mages à Bethléem (Mt 2, 1-11).

Mt 2, 1-11 est une scène clairement inspirée du chapitre 60 du prophète Isaïe.

"Debout! Resplendis! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire du Seigneur. Tandis que les ténèbres s'étendent sur la terre et l'obscurité sur les peuples, sur toi se lève YHWH, et sa gloire sur toi paraît. Les nations marcheront à ta lumière et les rois à ta clarté naissante. Lève les yeux aux alentours et regarde: tous sont rassemblés, ils viennent à toi. Tes fils viennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche. Alors, tu verras et seras radieuse, ton coeur tressaillira et se dilatera, car les richesses de la mer afflueront vers toi, et les trésors des nations viendront chez toi. Des multitudes de chameaux te couvriront, des jeunes bêtes de Madiân et d'Epha; tous viendront de Saba, apportant l'or et l'encens et proclamant les louanges du Seigneur." (Is 60, 1-6)

Dans cet oracle, le prophète Isaïe célèbre la gloire de Jérusalem quand reviennent les exilés de Babylone.

D'autres passages similaires du même livre d'Isaïe exaltent le temple relevé de ses ruines comme étant le lieu où le Seigneur rassemble non seulement les Hébreux revenus de la servitude d'Egypte mais aussi tous les autres peuples (Is 56,3-8 ; 66,20-21).

La littérature juive donne du relief à la personne du Messie qui règnera dans la nouvelle Jérusalem-mère universelle.

La version grecque de la Septante du psaume 44 parle des fils de Tyr qui se prosterneront devant lui, le roi messie.

Parmi les psaumes de Salomon (50 ans avant J-C), on lit que des extrémités de la terre, les nations viendront voir la gloire du messie et la gloire du Seigneur avec laquelle Dieu l'a glorifié (Ps 17,31).

Toutes ces traditions anciennes convergent dans le récit de Matthieu 2,1-11.

On y retrouve l'adoration des gens des nations lointaines venant avec de riches présents : les mages remplacent les rois et les princesses, ils offrent de l'or de l'encens et de la myrrhe (Mt 2,11), et ils se prosternent en adorant...

Mais les mages ne viennent ni au temple ni à Jérusalem : ils viennent adorer Jésus sur les genoux de Marie. Le sein et les genoux de Marie Vierge de l'Emmanuel, Dieu avec nous, deviennent le trône naturel où siège la majesté royale de l'Enfant.

Au temps de l'Eglise.

En la personne des mages, l'évangéliste Mathieu a voulu signifier tous les païens qui s'ouvrent à la foi dans le Christ. Franchissant le seuil de cette maison mystique qui est l'Eglise, quelle est la vision qui déploie devant leur yeux ? L'évangéliste répond :

« Ils virent l'enfant avec Marie sa mère »

(Mt 2,11)

Marie est étroitement conjointe au fils, comme la racine de laquelle germe la fleur. Et Marie présente au monde le Dieu fait petit enfant, le Dieu avec nous, le Dieu qui attire et rassemble toutes les nations.


Aristide SERRA, osm,

Professeur ordinaire d'exégèse biblique

à la faculté pontificale théologique du Marianum à Rome.