Le mariage de Marie et Joseph dans la tradition juive

Mt 1, 18-19 : Les fiançailles et le mariage de Marie et Joseph (tradition juive)

Nous allons lire les en expliquant les deux étapes du mariage juif.

La première étape du mariage juif, c'est ce dont parle l'évangile de Luc en disant que Marie est accordée en mariage :

«... accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David; cette jeune fille s'appelait Marie. » (Lc 1, 26- 27)

On traduit parfois par « fiancée », mais c'est un peu différent. Marie est déjà liée, réservée à Joseph : ils sont déjà engagés. Le jeune homme donne à la jeune fille un objet de valeur (traditionnellement un anneau) et en retour, la jeune fille se consacre à lui, avec l'effet qu'« elle devient interdite au reste du monde »[1].

A partir de là, si elle se lie physiquement à un autre homme, cela constitue un adultère. Dissoudre cette première étape requiert un acte de divorce comme pour un mariage déjà célébré. Cependant, les jeunes gens ne cohabitent pas.

Cette première étape (appelée Kiddouchine) libère un « espace » dans lequel pourra ensuite exister la relation du mariage[2].

L'Annonciation à Marie et l'Annonciation à Joseph ont lieu pendant cette première étape, une étape toute « en creux », une étape d'ouverture du cœur et d'espérance, une étape qui est donc tout à fait propice à « l'ouverture du ciel » que constitue l'Annonciation et l'Incarnation !

Mais l'Incarnation a bouleversé le déroulement normal du mariage juif.

« Avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. » (Mt 1, 18)

Autrement dit, avant la seconde étape du mariage, Marie est enceinte.

La seconde étape du mariage juif est appelée Nissouine et remplit par la relation l'espace creusé dans la première étape. Il s'agit, avec des noces solennelles publiques et festives, de commencer la vie commune Le mariage est accompli sous le dais nuptial, avec un isolement du couple et sept bénédictions nuptiales qui font des époux « une seule chair »[3] (mais la famille demeure virginale).

L'Evangile nous montre que Joseph, voyant Marie enceinte, a hésité à célébrer les noces solennelles.

L'ange lui dit alors :

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint; elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus: car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Mt 1, 20-21)

Nous avons montré dans un autre article que ces paroles de l'ange signifient la divinité de Jésus.

Considérons ici ce qui concerne directement le « vécu » de Joseph. :

Joseph est appelé à célébrer la seconde étape, solennelle et festive, du repas des noces :

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi (paralambanô) Marie, ta femme [gunè] » (Mt 1, 20).

- « ta femme » traduit le grec « gunè » qui peut concerner toute femme, vierge, épouse ou veuve.

- « prendre chez toi » traduit le verbe grec « paralambanô » qui signifie prendre avec soi, joindre à soi, ou accepter quelqu'un, ou recevoir une fonction, ou recevoir avec l'esprit.

Telle est la richesse des mots bibliques.

L'Evangile dit aussi que Joseph reçoit la vocation de donner à Jésus son nom, un acte très riche de signification qui reflète toute la grandeur de la paternité tout à fait réelle de Joseph. Il est alors à la fois le témoin de la conception virginale de Marie et celui qui en préservera le secret.

Conclusion :

Saint Joseph a traversé tous ces bouleversements dans une sainteté lumineuse : pureté et ouverture à Dieu pendant la première étape, droiture et justice au temps de l'épreuve, souplesse et docilité à Dieu, joie et plénitude au temps du mariage virginal.

Dieu n'a pas voulu que Joseph reste à la première étape du mariage, l'étape « en creux », il voulait qu'il vive l'étape « pleine » d'une relation comblée par la présence du Messie et du Saint Esprit.

La Vierge Marie a suivi sans doute avec une prière intense tout ce cheminement de Joseph, laissant à Dieu l'initiative de lui parler...


[1] Talmud, Kiddouchine 2b.

[2]

www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/904113/jewish/Un-

"Institution de droit naturel créant une union stable entre un homme et une..." class="definition_texte">mariage-en-deux-mouvements.htm le 27 septembre 2010.

[3] Genèse 2,24.


Françoise Breynaert