Les Béguinages et la Pietà

Les Béguinages et la Pietà

Les béguinages : du XII° au XIX° siècle.

A partir du XII° siècle, tandis que les guerres ont provoqué une surpopulation féminine et que les couvents sont pleins, on voit se former des communautés de femmes célibataires ou veuves dites « Béguines ». Rare fut l'équivalent masculin.

Les béguines ont chacune un logement indépendant de plus en plus regroupés autour de l'église paroissiale afin de pouvoir s'entraider. Au début, avaient des ateliers de tissage, mais, pour des raisons de concurrence, cela leur fut interdit.

Les béguines sont des femmes pieuses sans règle de vie établie comme dans un monastère, seul le dévouement aux pauvres et aux malades est exigé : beaucoup travaillent donc dans un hôpital ou un orphelinat. Elles assument aussi le rôle pastoral de consolatrice des mourants et de gardienne des défunts qu'elles escortaient jusqu'à la tombe, en priant pour eux.

Les béguinages se sont développés en Europe du Nord (Pays Bas, Allemagne...), par exemple à Tournai, à Bruges, à Courtrai, Erfurt etc... En Belgique, les béguinages ont été encore actifs jusqu'au XIX° siècle. Ailleurs, ce genre de vocation a été assumé par le tiers ordre franciscain en France, et en Espagne par les Alumbrados.

La Pietà est pour la béguine un modèle et une source d'inspiration pour la vie pratique :

Comme la Vierge Marie, la béguine est sans mari. Comme la Vierge Marie, la béguine prend soin du corps fragile, celui des enfants orphelins, celui des agonisants, celui des défunts.

La Pietà est aussi pour la béguine une stimulation dans l'adoration eucharistique :

C'est dans l'ambiance fervente des béguinages que la fête du Corpus Christi a été institué en l'an 1264 dans l'intention d'honorer la présence réelle du Christ dans le pain et le vin consacré.

Et c'est alors que la Pietà prend aussi une dimension sacramentelle. La Messe célèbre le mémorial de la mort et de la résurrection de Jésus. La Vierge Marie a donné au fils de Dieu le corps que nous recevons désormais dans l'Eucharistie pour que Dieu nous unisse à sa vie divine. Dans la Pietà, la Vierge Marie tient ce Corps avec amour et devient une source d'inspiration pour les béguines, pour qui Jésus est l'époux spirituel.


Exemples de Pietà de béguines :

Les Madones du Limbourg

Aldeneik, Sint-Annakerk

Pietà de Bellaire, Eglise de la visitation.

Antwerp, Klooster gasthuiszusters Augustinessen, h. 67 cm

Beringen, Kerk van sint-Pieters-Banden, h. 63, 5 cm

Berlingen, Kluiskapel Onze-Lieve-Vrouw van zenve Smarten te Oetsloven, h. 95cm

Bocholt, Sint-Laurentiuskerk

Bovigny eglise Saint Martin (province de Luxembourg), h. 62 cm.

Bütgenbach, eglise saint Etienne (province de Liège), h. 87 cm.

Duras, Kerk van Onze-Lieve-Vrouw Tenhemelopneming te Gorsem

Kent, Kerk der H. Geboorte

Diest, Stedelijk Museum (beguinage church)

Lawrence, Kansas, Spencer Museum of art, University of Kansas

Liège, Musée d'art religieux et d'art Mosan

Liège, Musée Curtius

Hamont, sint-Laurentiuskerk

Hasselt, Sint Quintinus en Onze-Lieve-Vrouwekathedraal

Hondelange, Chapelle du cimetière. (province de Luxembourg), h. 82 cm.

Leuven, Minderbroedersklooster, kapel Onze-Lieve-Vrouw ten Troost of van Smarten

Leuven, Sint Pietershopitaal, h. 50 cm.

Liège, Eglise saint Jacques, h. 68 cm

Liège, Eglise saint Denis, h. 70 cm.

Noville, Chapelle Saint Hubert à Wicourt (province de Luxembourg), h. 57 cm.

Opitter, Sint Trudokerk (province de Limbourg), h. 120 cm.

Sittard, Dominicanessenklooster Sint Agnetenberg, h. 80cm.

Tongeren, Stedelijk Museum

Waremme, Eglise saint Pierre (province de Liège), h. 86 cm.

Zichem, Sint Eustachiuskerk (province du Brabant), h. 64 cm.


Bibliographie : J.E. Ziegler, Sculpture of compassion, The Pietà and the Beguines in the Southern Low Countries, Bruxelles - Rome 1992, p. 143-149

Françoise Breynaert