Maître de Flemalle : L’Annonciation, vers 1425


Robert Campin (1378-1444), dit le Maître de Flémalle, est né à Valenciennes, dans le comté de Hainaut. Il est l’un des grands peintres primitifs flamands. Le triptyque qu’il a réalisé vers 1425 comporte, dans la partie centrale, une célèbre représentation de l’Annonciation, riche en symboles. Le retable est exposé à The Cloisters, un département du Metropolitan Museum of Art à New York.

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La scène de l’Annonciation

Le panneau central représente l'Annonciation ou, plus précisément, le moment précédant l'annonce de l'archange Gabriel à Marie. L'ange s'est en effet faufilé avec discrétion dans la salle encombrée de meubles et la Vierge ne l'a pas encore vu. La vie se déroule comme s'il n'était pas là. La porte qu'il vient de franchir est restée ouverte, la Vierge lit. L’ange s'agenouille avec révérence, une main posée familièrement sur sa jambe, l'autre main levée timidement comme pour attirer l'attention de Marie. Il la regarde et ses lèvres s'entrouvrent. Bien loin de remplir sa mission avec autorité, on dirait qu'il craint de déranger la Vierge et qu'il attend, sans la troubler, qu'elle ait fini sa pieuse lecture.

Les volets latéraux du triptyque

L'espace du volet de gauche est relie a la salle centrale par les marches et la porte entrouverte par laquelle les donateurs, représentés dans le traditionnel "jardin clos", assistent de l'extérieur a la scène miraculeuse. À droite, saint Joseph, représenté en vieux menuisier, travaille dans son atelier.

Le symbolisme des objets

Dans le panneau central, le bassin et l'essuie-mains, comme la fleur de Lys, renvoient à la pureté de la Vierge.

Le parchemin et le livre représentés devant la Vierge Marie, symbolisent l'Ancien et le Nouveau Testament, ainsi que le rôle que Marie et l'Enfant Jésus jouent dans la réalisation de la prophétie.

Le retable évoque également, à travers ce retable de l’Annonciation, le sacrement de l'Eucharistie.

La bougie qui s'éteint peut symboliser la supériorité de la lumière divine sur la lumière naturelle.

Sur le volet de droite, la présence de Joseph et la souricière posée sur le rebord de sa fenêtre, font allusion à la métaphore employée par saint Augustin : selon lui, le mariage de la Vierge avec saint Joseph est un piège pour que le diable ne devine pas le grand mystère de la conception virginale et de l'Incarnation.

Source :

- Jeanne de la Ruwière, La peinture flamande, XV°, XVI° siècle, Bruxelles 1957, p. 34.

F. Breynaert et l’équipe de MDN.