Saint Joseph de Kalisz (vers 1670)

Kalisz : Saint Joseph de Kalisz

Un tableau « miraculeux » :

Vers 1670, un homme, Stobienia, souffrant beaucoup d'une dure maladie et n'ayant aucun espoir, priait Dieu de le laisser mourir. Il s'adressa à saint Joseph, Patron de la bonne mort. La nuit suivante, un homme âgé vint chez lui et il reconnut saint Joseph. Celui-ci dit au malade : « Tu guériras quand tu feras peindre ce tableau de la famille avec une inscription "Allez à Joseph" et tu l'offriras à l'église collégiale de Kakisz (alors dédiée à l'Assomption). »

Stobienia fit faire le tableau (huile sur toile de lin, 2, 46m sur 1, 74m) et quand il le vit et l'embrassa, il fut guéri, il fit alors mettre le tableau dans l'église collégiale.

Dès lors les fidèles reçurent beaucoup de grâces par saint Joseph.

Le premier fait extraordinaire concernait Stanislaw Bartochowski en l'an 1673; nous évoquerons aussi le fait qu'à la suite d'une neuvaine les prisonniers de Dachau échappèrent au massacre programmé en 1945 ; etc.

Regard d'ensemble sur le tableau :

La forme du tableau est celle d'une maison.

Sur une ligne verticale, Dieu le Père, le Saint Esprit, Jésus : la Trinité dans le mouvement de l'Incarnation.

Sur une ligne horizontale : Marie, Jésus, Joseph : la famille en marche, Joseph ouvre la marche.

Le tableau représente dont le retour de l'humanité vers la maison du Père des Cieux, qui d'une main tient le monde racheté par la croix, et, de l'autre main, bénit.

Le tableau porte l'inscription « Allez à Joseph ». Notre attention ne doit pas s'arrêter à l'harmonie de la famille en présence de la Trinité, notre attention doit regarder saint Joseph car il s'agit d'un tableau invitant spécifiquement le croyant à se placer sous le patronage de saint Joseph.

Nous allons cependant regarder tous les personnages avant de regarder Joseph.

L'Esprit Saint :

L'Esprit Saint est représenté au centre du tableau par une colombe qui rayonne, l'aura est très grande de telle sorte que c'est l'Esprit Saint qui relie toutes les personnes.

- L'Esprit Saint est le lien entre Jésus et le Père : Esprit filial de Jésus, Esprit très Saint par lequel le Verbe se fait chair sans perdre sa divinité.

- L'Esprit Saint est le lien entre Marie et le Père : Après avoir introduit la Vierge Marie dans le secret trinitaire et le plan du salut, l'Esprit lui inspire le Magnificat qui est le plus beau chant d'amour adressé à Dieu le Père.

- L'Esprit Saint est le lien entre Marie et Joseph : ce qui est engendré en Marie « vient de l'Esprit Saint » (Mt 1, 20) et l'amour de Joseph, obéissant à l'Esprit, est un amour renouvelé par l'Esprit Saint[1].

- L'Esprit Saint est le lien entre Joseph et Dieu le Père « de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom. » (Eph 3, 15), de sorte que Joseph reçoit toutes les grâces nécessaires à sa sublime fonction de père et berger du Rédempteur[2].

Jésus :

Jésus est très lumineux, surtout son auréole, bien ronde, qui semble se lever du paysage à l'horizon comme le soleil levant. Jésus est effectivement, selon les prophètes, le soleil de justice qui porte la guérison dans ses rayons.

Jésus est debout sur une minuscule colline qui symbolise le Golgotha où il accomplira la rédemption.

Jésus, enfant, tient fermement la main (l'index) de Joseph comme pour se laisser guider dans son entrée dans la vie humaine et sociale.

Marie :

Marie tient la main de Jésus qui est le Verbe incarné.

Marie porte les Saintes Ecritures parce qu'elle a conçu le Verbe de Dieu par la foi.

Marie est enceinte (bien qu'elle tienne Jésus), parce qu'elle est la mère du disciple (Jn 19, 25-27), de chacun de nous, la mère de l'Eglise.

Joseph :

Joseph, que tient Jésus, tient dans l'autre main un lys, signe de sa paternité virginale.

La couleur blanche de la barbe et des cheveux de Joseph ne signifie pas qu'il soit âgé, elle signifie sa sagesse, une sagesse qui lui vient depuis Abraham et David, mais aussi de sa relation à Dieu Père, Fils, Esprit Saint et de sa relation à Marie.

Joseph est particulièrement éclairé sur le front (l'intelligence, la sagesse) et sur le pied droit (la marche juste). Par cette lumière et par le fait qu'il ouvre la marche, Joseph est dépeint ainsi comme le berger du Rédempteur, - c'est lui qui lui a donné son nom à Jésus, Sauveur (Lc 2, 21) - et comme le patron de l'Eglise - Marie est la mère de l'Eglise, Joseph en est le protecteur et le guide, jusqu'à ce que toute l'humanité soit retournée dans la maison du Père céleste.

31 mai 1796 : Le tableau est couronné et couvert d'argent.

Quand le tableau fut couronné, en 1796, des couronnes furent mises sur la tête de Jésus et Marie, et pour la première fois dans l'histoire de l'Eglise, sur la tête de saint Joseph. Largement recouverte de métals précieux (robes d'argent), l'image est un peu transformée. La symbolique de Jésus soleil levant n'apparaît plus. En plus des saintes Ecritures, Marie porte un sceptre. Deux lys sont ajoutés à gauche et à droite de Jésus.

29 avril 1945 : La libération des prisonniers de Dachau.

Quand le commandant de camp a donné l'ordre de brûler le camp et de massacrer les prisonniers, les prêtres présents se sont mis sous la protection de saint Joseph de Kalisz par une neuvaine qu'ils achevèrent le 22 avril. Et le 29 avril, l'armée américaine a libéré le camp trois heures avant le massacre planifié !

(C'est pourquoi la crypte du sanctuaire et le musée comportent des souvenirs de Dachau).

4 juin 1997 : La venue de Jean Paul II au sanctuaire de Kalisz.

Lors de sa venue, Jean Paul II a dit combien « ce sanctuaire occupe une place particulière dans l'histoire de l'Eglise et de notre nation ».

Jean Paul II a ensuite montré saint Joseph comme grand patron de la vie :

« Joseph de Nazareth qui a sauvé Jésus de la cruauté d'Hérode se lève maintenant devant nous en tant qu'un grand porte-parole de la défense de la vie humaine du moment de la conception jusqu'à la mort naturelle. »


[1] Cf. Jean Paul II, Redemptoris Custos 20-21

[2] Cf. Jean Paul II, Redemptoris Custos 8


Résumé par Françoise Breynaert - avec l'accord du P. Laton - de la conférence du Père Andrzej Laton, président du centre de Joséphologie de Kalisz (Pologne), au congrès en l'honneur de saint Joseph, Gueberschwihr (France), 30 avril 2012.