Icône de la crucifixion (XIV°, Ohrid)

Icône de la crucifixion (XIV°, Ohrid)

Voir l'icône : https://www.ohrid.org.mk/eng/ikoni/13.jpg

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Commentaire matériel[1]

Tempera sur bois 96 x 70 cm, légende en grec, début du XIV°, Ohrid. Galerie des icônes de l'église Saint-Clément.

On peut supposer que ce Crucifiement peint au revers

du Christ Christ Psychosostis (rédempteur) et l'Annonciation peinte au revers de la Vierge « Psychosostria » (= qui sauve les âmes) sont l'œuvre d'un seul et même artiste du début du XIV° siècle, qui travaillait dans un atelier de Constantinople.

Description et explication des symboles :

Le Christ est en croix. A sa droite, Marie, sa mère

. A sa gauche, le disciple.

A l'arrière plan se dressent les murailles de Jérusalem. Le Christ est en effet rejeté par les siens, ce qui fait dire à l'apôtre Paul : « Nous n'avons point ici-bas de cité permanente » (He 3, 11-14), tant il est vrai que le disciple ne saurait être au-dessus du maître.

Arbre de vie plantée au calvaire, la croix s'ancre dans le centre de la terre, sur la grotte noire où repose le crâne d'Adam. Les silhouettes allongées accentuent la verticalité : Jésus fait un mouvement de descente (aux enfers) et de remontée (il ouvre le paradis).

Commentaire spirituel[2]

Dans l'évangile de saint Jean le théologien, avant que Jésus ne meure en croix, il s'écrie :

« Père, l'heure est venue : glorifie ton Fils, que ton Fils te glorifie »

(Jn 17,1)

Le Christ a les yeux ouverts, en un mouvement souple, il repose dans la mort.

Il est royal et majestueux dans un total abandon de tout prestige.

Il demeure le Verbe, celui qui s'est livré librement à la mort, comme le chante la liturgie.

Il est élevé de terre, et dès lors, il attire tout à lui.

La mère du Christ, à droite du Christ, pleure en montrant de la main la croix.

Saint Jean, à gauche du Christ, contemple et médite.

Plus tard, Jean nous transmettra ces paroles de Jésus quelques jours avant sa passion :

« Maintenant mon âme est troublée. Et que dire? Père, sauve-moi de cette heure! Mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom!"

Du ciel vint alors une voix: "Je l'ai glorifié et de nouveau je le glorifierai."

La foule qui se tenait là et qui avait entendu, disait qu'il y avait eu un coup de tonnerre; d'autres disaient: "Un ange lui a parlé." Jésus reprit: "Ce n'est pas pour moi qu'il y a eu cette voix, mais pour vous. C'est maintenant le jugement de ce monde; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors; et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi." »

(Jean 12, 27-32)


[1] Gordana Babic, Icônes, Comptoir du livre, Paris 1986 (Belgrad 1980), § 19

[2] Ephrem Yon, Philippes Sers éditeur, Les saintes icônes, une nouvelle interprétation, Paris 1990, p. 238


Françoise Breynaert