Le trône et l’etimasia

Le trône et l’etimasia

Le trône de Dieu, l'unique trône vraiment rempli, est représenté vide, parce qu'on ne sait pas décrire Dieu, il est ineffable[1].

Mais le trône n'est pas représenté complètement vide, la pourpre impériale et la croix font penser que celui qui occupe ce trône est le Christ.

C'est ainsi qu'au V° et VI° siècles les artistes ont représenté le trône apocalyptique sur lequel était placé l'Agneau ou la croix couverte de pierres précieuses. Ce trône représentait la divinité du Christ, adoré selon la vision d'Apocalypse (Ap 5).

Après le VI° siècle, le trône sera rarement représenté vide,

(exemple, abside de saint Paul hors les murs cliquez).

Nous trouvons encore le trône vide

- à Castelseprio, dans la basilique romane de S. Prassede, sur une mosaïque des années 817-824,

- dans l'église de l'abbaye de Grottaferrata sur une mosaïque du XII° siècle.

Mais très vite, les pères ont oublié que, sur le trône, la croix recouverte de pierres précieuses représentait le Christ et le trône à leurs yeux était vide. Il était vide parce qu'on attendait que le Christ revienne pour juger le monde : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa

" target="_blank" href="/index.php?id=138954&tx_ifglossaire_list%5Bglossaire%5D=238&tx_ifglossaire_list%5Baction%5D=details&tx_ifglossaire_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Ce mot traduit généralement le terme hébreu kâbod (idée de poids) et l..." class="definition_texte">gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. » (Matthieu 25, 31-32)

Le Christ avait dit aussi que la célébration eucharistique était un mémorial de sa venue dans la gloire : « Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. » (1Corinthiens 11, 26). C'est pourquoi le trône vide fut placé au-dessus du sanctuaire, ou au sommet de l'arc triomphal.

La représentation du trône a donc changé de signification, désormais on parle de « l'etimasia » du trône, c'est à dire la préparation du trône pour le Christ lors de son retour.


[1] Dans les sculptures indiennes du II° et III° siècle, on trouve des représentations du trône vide, dans le but de représenter Dieu.


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Françoise Breynaert

Cf. Giuseppe Maria Toscano,

La vita e la missione della Madonna nell'arte,

I mille volti di Cristo nell'arte, Carlo Pellerzi editore, 1991, p.79-82 et p.176-220