Contexte humain des apparitions de Beauraing

Contexte humain des apparitions de Beauraing

Dans une petite ville de Belgique francophone...

Nous sommes en Wallonie, région francophone de la Belgique. Non loin de la France, Beauraing se situe à 20 km de Dinant, dans le diocèse de Namur. C'est en 1932 une petite ville de 1800 à 1900 habitants, avec quelques notables, des paysans occupés d'agriculture et d'élevage, et des ouvriers qui vont travailler en France. Ce n'est pas une population arriérée, tout le monde lit un journal ou écoute la radio. La jeunesse est scolarisée[1].

Un emplacement sans charme particulier mais très symbolique...

Une route passe sous un pont de chemin de fer, les trains y passent dans un tumulte de ferraille. Le talus du chemin de fer cache l'horizon, et, à l'angle de la route et du viaduc, une école et un couvent en brique contient un jardin étriqué, séparé du trottoir par un grillage et une aubépine. Cette école est alors dirigée par les Religieuses de la Doctrine Chrétienne de Nancy. Le cadre n'a rien des splendides paysages du Laus, de la Salette ou de Lourdes, mais, nous verrons bientôt qu'il est riche de symboles puissants.

Cinq voyants, entre 9 et 15 ½ ans.

Andrée (14 ans) et Gilberte (9 ans et demi) appartiennent à la famille Degeimbre. Cette famille vivait dans l'amour et le bonheur, mais l'année dernière, la mort rapide de monsieur Degeimbre a amené son épouse à se séparer d'une partie de sa riche propriété dont elle ne peut plus porter toute l'organisation. Fort occupée, elle se dispense d'aller à la messe, même le dimanche. Honnête envers tous, elle possède une dizaine de vaches.

Fernande (15 ans et demi), Gilberte (13 ans et demi) et Albert (11 ans) appartiennent à la famille Voisin. Monsieur Voisin est commis de chemin de fer, et son épouse vend des papiers peints. C'est un ménage honorable. On ne les voit pas souvent à l'église, et ils ne manifestent jamais grande ferveur. Les enfants sont élevés à l'école laïque, sauf, cette année-là, Gilberte qui est mise en demi-pension à l'école des sœurs, tout simplement parce qu'elle a perdu l'appétit et que monsieur Voisin pense que les sœurs ont de bonnes méthodes pour la faire un peu mieux manger. Ses frères et sœurs ont l'habitude de venir la chercher après l'étude du soir, un peu après 18 heures[2].

Dans un contexte politique et liturgique spécial.

Comme nous venons de le montrer, l'Apparition vient dans le cadre ordinaire de la population belge et plus généralement d'Europe de l'Ouest. Elle s'adresse à une population qui se modernise, s'urbanise et se déchristianise. Elle s'adresse à des enfants et adolescents qui ressemblent aux autres jeunes de leur temps.

Il est facile aussi de noter que la période du 29 novembre 1932 au 3 janvier 1933 commence la veille de la neuvaine de l'Immaculée conception, pendant l'Avent, et s'achève peu après l'octave de Noël.

Datées du 29 novembre 1932 au 3 janvier 1933, les apparitions précèdent de peu l'accession d'Hitler au pouvoir et la seconde guerre mondiale, avec tous les périls et les péchés graves que cette guerre a comporté. L'horizon s'obscurcit donc gravement quand la Vierge Immaculée visite la terre. La nuit du nazisme est sur le point de s'abattre sur toutes ces régions quand la lumineuse Apparition vient illuminer les sombres soirées du mois de décembre... L'Apparition accompagne un petit peuple vers Noël, vers ce jour où de nouveau les jours s'allongent et où la lumière revient... Vers ce jour où Jésus vient, comme roi de la paix et joie du Ciel.


[1] Cf. Omer ENGLEBERT, Les apparitions de Beauraing, Paris 1933, p. 65

[2] Cf. Omer ENGLEBERT, Les apparitions de Beauraing, Paris 1933, p. 67


Françoise Breynaert

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