S. Maria in Trastevere

S. Maria in Trastevere

Origine et actualité

La Fons Olei (La source d'huile).

Selon une légende que rapporte Eusèbe de Césarée, une source d'huile serait apparue à cet endroit en l'an 753 de Rome, donc peu avant la naissance de Jésus-Christ (d'autres disent en l'an 38 av. J.-C). Ce lieu était à l'époque une maison pour militaires en repos. L'huile se serait écoulée pendant toute une journée vers le Tibre. Ce fait surprenant aurait été interprétée par la population juive vivant dans le quartier comme un signe annonçant la naissance du Messie ou Christ (littéralement « l'oint ») dont la grâce d'étendrait au monde entier comme une tache d'huile.

Par la suite, les chrétiens romains, issus pour la plupart des milieux juifs, désiraient faire de cet endroit un lieu de culte, ce qui advint au temps du pape Calixte.

De nos jours encore, un petit emplacement dénommé "Fons Olei", rappelle cet évènement (mais il n'y a plus d'huile)[1].

Le premier lieu de culte chrétien officiellement ouvert au public[2].

Cette merveilleuse basilique est liée à la figure du pape Calixte (217-222), le premier véritable organisateur de l’église de Rome. Avec l’accord de l’empereur Alexandre Sévère, il construisit le premier lieu de culte chrétien officiellement ouvert au public.

La basilique fut reconstruite par Jules II en l’an 337-353.

Le titre marial de la basilique date probablement de l’époque du concile d’Ephèse (431).

Au Moyen Age, sous le pontificat de Innocent III (1130-1143), elle fut reconstruite et décorée des mosaïques magnifiques que nous admirons aujourd’hui.

Au XVII° siècle, on fit le plafond à caissons.

Un sanctuaire aujourd'hui bien vivant.

  • La basilique est gardée par le clergé diocésain et par la communauté sant’Egidio ; une communauté très engagée dans la rencontre entre les peuples, la fraternité, le dialogue inter-religieux, la paix.

  • La communauté anime une prière des vêpres tous les soirs (à 20h).

  • Fête : le 1° janvier

L’abside de Marie de Trastevere [3]

Vers la fin du X° siècle, au nord des Alpes, s’était répandu un nouveau type de représentations dans lequel, somptueusement couronnée revêtue, l’Église-épouse siégeait sur le même trône que le Christ Époux, comme une impératrice. Dans ces compositions, on reconnaissait que l’épouse était une personnification par sa position frontale et rigide, sa figure hiératique, et la fixité de son expression.

La mosaïque absidale de S. Marie en Trastevere (Rome), fut exécutée en 1140. Le Christ Seigneur s’assied dans l’axe de l’abside sur un grand trône qu’il partage avec l’Epouse assise à sa droite; sur la verticale de la tête du Christ on aperçoit la Main du Père qui soutient la couronne pour lui. L’Eglise Epouse, à la tête découverte, revêtue de la dalmatique impériale brodée avec des pierres précieuses, est impassible, le regard droit devant soi, elle partage le trône du Christ, (synthronos) ; cependant, ayant des proportions plus petites, elle occupe une place plus petite sur le trône, de sorte que le Christ est au centre de l’abside. Le Christ Epoux exprime sa communion avec l’Eglise par l’étreinte de sa droite; l’inscription sur son livre est une expression du Cantique (Ct 4,8) avec le premier verset du Psaume 110, traditionnellement attribué au Christ : “Veni electa mea et ponam in te thronum meum”. L’invitation du Psaume à s’asseoir à la droite se transforme ainsi l’invitation à partager le trône. La référence au geste du bras se fonde aussi sur le Cantique, texte que porte l’Eglise Epouse : Sa gauche est sous ma tête et sa droite il m’étreint" (Ct 2,6).

L’intérêt de cette mosaïque est lié à l’identification de la figure féminine: s’agit-il de l’Eglise Epouse ou aussi de la Vierge Marie épouse ?

Pour les uns, c’est seulement l’Église :

La datation de l’œuvre, la rigidité de la figure de l’Ecclesia comme aussi le fait qu’elle s’assoie déjà couronnée aux côtés du Christ, tout cela fait croire qu’il s’agit simplement de l’Eglise Epouse, en particulier Gertrud Schiller écrit: "[…] alors que le couronnement est la conséquence de l’Assomption de Marie au ciel, l’Epouse Eglise est depuis le début déjà couronnée, c’est pourquoi le geste du couronnement n’est pas représenté." D’autre part, les cinq scènes relatives à la vie de Marie, (Naissance de Marie. Annonciation. Nativité de Christ. Épiphanie, Présentation au Temple, Assomption de la Vierge), dans l’abside, sont postérieures d’un demi-siècle à la mosaïque du centre de l’abside, elles ne peuvent pas être un argument pour lui donner une signification mariale à l’origine.

Pour d’autres, c’est aussi Marie :

Le fait que la basilique de S. Marie en Trastevere ait été dédiée très anciennement à la Vierge Marie portent d’autres spécialistes à croire qu’il est au contraire très probable que quand la mosaïque y fut exécutée, l’intention était déjà de reconnaître aussi la figure de Marie dans la figure de l’Eglise -Epouse.


[1]https://reliquiosamente.com/2013/04/02/il-prodigio-della-taberna-meritoria/ ou http://www.documentacatholicaomnia.eu/03d/1815-1888,_Bosco_Giovanni,_Vol_206_vita_del_sommo_pontefice_s._callisto_i,_IT.pdf

[2] Domenico MARCUZZI, Santuari mariani d’Italia, edizioni Paoline, Roma 1982, p. 46

[3] Résumé de : M-G. MUZJ, Maria Giovanna MUZJ, La vergine Madre e la Trinità nell’iconografia cristiana, in De Trinitatis Mysterio et Maria. Acta congressus mariologici mariani internationalis in civitate Romae anno 2000 celebrati, PAMI, città del vaticano 2004, p. 490-498


Synthèse Françoise Breynaert