Russie : introduction

Un mot sur l’Eglise russe

La Russie a été évangélisée au X° siècle.

La Russie, convertie au christianisme par des missionnaires provenant de Constantinople fut longtemps sous la juridiction de l’Eglise mère grecque. L'Église Russe constitue actuellement la plus grande des Eglises de tradition byzantine pour l'étendue de sa juridiction et le nombre de ses fidèles.

Elle obtint le titre d’Eglise autocéphale en 1448 et le titre de Patriarcat en 1589.

Le nombre des fidèles est difficile à préciser à cause des événements connus du communisme athée.

Dans la Russie orthodoxe, à la liturgie de chaque dimanche, juste après la consécration, il est fait mémoire de la Mère de Dieu et le peuple chante « Il est vraiment juste de te bénir, Mère de Dieu, bienheureuse et toute immaculée, Mère de notre Dieu, plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins, toi qui sans perdre ton intégrité, a enfanté le Verbe de Dieu ». Et l’on pourrait donner bien d’autres exemples de la présence de Marie dans la très belle liturgie byzantine.

Chaque maison russe possède une icône de la Mère de Dieu, éclairée par une lampe à huile, et c’est là que vient se recueillir la famille et que le père de famille bénit les enfants ou ceux qui partent en voyage.

Les persécutions du XX° siècle

Le XX° siècle a été marqué par 70 années de persécution par le régime communiste. Dans la première communauté chrétienne, on mettait tout en commun et on distribuait à chacun selon ses besoins (Ac 4, 35). Marx avait emprunté cette formule à la Bible.

Le communisme est né par l’attrait des valeurs communautaires, mais l’athéisme qui l’accompagna corrompit ces valeurs communautaires en leur donnant un caractère excessif et clos.

A la pratique de la charité qui réconcilie, le marxisme a substitué la lutte des classes qui détruit et ne peut aboutir à aucune communion.

D’un point de vue moral, la conversion (qui invite chacun à se réformer soi-même) est transférée uniquement en révolution (changement des structures).

D’un point de vue philosophique, en réaction contre l’idéalisme, Feuerbach et Marx ont créé un système où seule la matière existe, c’était l’excès inverse. Ayant éliminé l’autorité libérale de Dieu, ils y ont substitué une dictature artificielle…

Les hécatombes vertigineuses qui en résultèrent sont évaluées à 50 millions de morts en Europe et pas moins en Chine si on inclut les guerres et leurs conséquences.

Il y eut alors contre les chrétiens une persécution qui fut plus terrible que celle des empereurs romains pour l’Eglise des premiers siècles car elle ôtait aux chrétiens la vie, mais aussi le témoignage, l’intégrité humaine.

Le croyant n’avait plus sa place dans la société, il ne pouvait carrière ni dans la politique, ni dans l’enseignement supérieur ni même dans la recherche scientifique. Les enfants de parents chrétiens ne pouvaient accéder aux études supérieures, sauf rarissimes exceptions. Ces enfants étaient formés à dénoncer leurs parents. La catéchèse était condamnée comme délit. Ceux qui exerçaient un rayonnement, fut-il clandestin, étaient arrêtés, soumis à des lavages de cerveaux ou détruits par des drogues appropriées dans les hôpitaux psychiatriques. Le KGB jugulait ou infiltrait les Eglises.

Malgré le secret bien gardé, les sévices finirent par être divulgués et révélèrent la perversité du système si radicalement contraire à la belle devise des révolutions modernes : Liberté, Egalité, Fraternité. Les chrétiens n’osent plus parler de leurs martyrs et pourtant... D’innombrables chrétiens ont été forts dans le « combat pour l’homme » parce qu’ils étaient forts dans leur combat pour Dieu et avec Dieu. Ils ont souvent été pour les non-chrétiens le signal, le repère et le fondement de la Résistance. (2)

La résistance ouvrière, le mouvement féministe fondé sur Marie, le mouvement de conversion, la faim de Dieu, tout cela indiquait que le communisme n’était par un mouvement ouvrier, qu’il ne libérait pas et que la religion ne mourrait pas. Il y eut aussi un facteur mystique décisif, notamment, le 13 février 1917 (avant Fatima et avant la révolution d’octobre), la Vierge se manifesta à Moscou avec une icône de la Vierge Reine. La victoire s’est produite non pas en terme de croisades et d’écrasement belliqueux, mais en terme de paix et de réconciliation : la paix est venue, non pas par l’écrasement du bloc de l’Est, mais par l’amour réconciliateur. (3)

Pèlerinages et sanctuaires marials

A présent, on assiste à une activité grandissante des pèlerins de l’Eglise orthodoxe des pays de l’ancienne Union Soviétique.

Les fidèles se rendent dans les centres qui n’ont pas disparu pendant la période du communisme.

Le plus grand nombre de fêtes des icônes de la Vierge Marie a lieu à Moscou (vingt-trois), Saint-Pétersbourg (cinq dont la fête de l’icône de Jasna Góra le 6 mars) et Kiev (cinq).

Les autres centres importants du culte marial sont : Kursk, Smolensk, Wiazniki, Tobolsk, Vitebsk, Vologda, Novgorod et Potchaïov. Certains pèlerinages durent très longtemps, plusieurs mois même.

Enfin, il faut mentionner les pèlerinages des fidèles orthodoxes en des lieux où les sanctuaires de jadis ont été détruits par les communistes, mais dont le souvenir est resté ancré dans la mémoire des gens au point que dès que cela a été de nouveau possible, ils se sont rendus en ces lieux vides dont seule une croix, placée récemment, rappelle la sainteté. (4)

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(1) R. LAURENTIN, Comment la Vierge Marie leur a rendu la liberté, ŒIL, Paris, 1991, p. 24-25

(2) Ibid p. 8.

(3) Ibid. p. 15 et 58.

(4) Prof. Antoni JACKOWSKI et Dr Izabela SO?JAN, « Les pèlerinages, facteurs d’intégration de l’Europe », dans People on the Move N° 97 (Suppl.), April 2005, publié sur www.vatican.va/content/vatican.html.