El Escorial (Espagne, Madrid, 1980- ?)

El Escorial (Espagne, Madrid, 1980- ?)

Depuis le 13 novembre 1980, la « Vierge apparaît » à Amparo Cuevas, née le 13 mars 1931, mère de sept enfants, à l'Escorial (cité du château royal, à 50 km de Madrid). Des foules se rassemblent.

Qui est Amparo Cuevas ?

En 1985, l'abbé Laurentin a rencontré Amparo à l'Escorial, dans la famille où elle faisait des ménages pour gagner sa vie, car son mari ne travaillant pas, elle a dû faire l'impossible pour assurer la survie de ses enfants.

Amparo Cuevas n'a jamais connu sa mère, morte quand elle avait six mois. Sa marâtre l'envoyait faire des ventes ambulantes avec l'ordre de ne pas rentrer avant d'avoir tout vendu. L'enfant dormit souvent sous un arbre sans avoir mangé, parfois, l'hiver, sous la neige. Il fallut un jour la réanimer. Elle avait neuf ans. A la maison, elle n'avait pas de lit et dormait dans une petite armoire où elle ne pouvait même pas s'allonger. A dix ans, pour avoir été chercher à manger au village, elle fut enfermée durant des mois, nourrie d'un peu d'eau et de farine qu'on lui passait dans sa geôle.

Elle aimait beaucoup la Vierge et lui disait naïvement son désir de mort : « Ma petite Mère du ciel, je voudrais voir ma mère de la terre. Emmenez-moi là où elle est ! » Elle gardait le sentiment que la Vierge l'écoutait.

Son enfance malheureuse se termina par un mariage également malheureux. Le mari alcoolique et paresseux continua son martyre.

René Laurentin conclut : « Au terme de tout cela, il est étonnant qu'Amparo ait gardé ce calme, cette simplicité, cette dignité, cette mesure que respire toute sa personne. C'est un témoignage auquel on se doit de rendre hommage. Il inspire le souhait que la sainteté des pauvres soit mieux comprise dans l'Eglise. D'un point de vue évangélique, il me semble difficile de regarder une telle personne de haut. J'ai eu le sentiment de la regarder de plus bas. »*

Amparo aurait reçu les stigmates de la Passion pour qu'un tiers de l'humanité soit sauvé d'un cataclysme sans précédent.

Amparo continue à recevoir de longs messages, chaque premier samedi du mois.*

Quels sont les messages ?

La « Vierge » demande l'édification d'une chapelle, mais elle adresse surtout un appel urgent à la conversion, à la prière, au rosaire quotidien.

Le monde serait, ajoute-t-elle, au bord d'un précipice de chômage, de misère, de guerres, avec des signes dans les astres.

Trois jours de ténèbres avaient été annoncés pour la fin du XX° siècle. [1]

Le message de juillet 1987 a été critiqué parce que Amparo y employait une expression étrange : « Marie est Mère de la divinité de Jésus » : expression théologiquement incorrecte, car Marie est Mère de l'humanité de Jésus, donc de la Personne de Jésus, non de sa divinité... très antérieure à Marie. Mgr Marcos de Ussia Urruticoechea, chargé du contact avec le pèlerinage de l'Escorial, en a donné une « pieuse interprétation »*.

Quel est la position officielle ?

Pour l'instant, le surnaturel n'est ni reconnu, ni exclu.

Quelques autorisations officielles ont été données : elles concernent les oeuvres de charité et de réparation ainsi que la célébration d'une messe par mois.

Le cardinal Suquia Goicoechea, archevêque de Madrid, avait publié le 12 avril 1985 un document selon lequel le caractère surnaturel de ces apparitions n'était pas établi, et demandait aux prêtres de s'abstenir de participer aux manifestations religieuses qui rassemblent parfois des foules en ce lieu, mais sans les interdire.

En 1994, Amparo a connu les oppositions conjuguées de la municipalité, de son curé et de l'archevêque encore mal informé, puisque le lieu de l'apparition, propriété de la mairie, était interdit à toute visite. Désormais, ce site des apparitions est propriété du pèlerinage ; une chapelle y est construite.*

Le 14 juin 1994 (treizième anniversaire de la première apparition), le cardinal Suquia Goicoechea a reconnu les trois branches de l'Association des fidèles réparateurs dont Amparo avait inspiré la fondation :

- Les Séculières réparatrices servantes des pauvres : communauté religieuse destinée à vivre le message en profondeur.

- La Communauté des familles, fondée le 20 janvier 1990.

- La Communauté des vocations, fondée par les jeunes à l'intérieur de la précédente.

Le 21 juillet 1994, il nomme le père José Arranz, chanoine, chapelain de l'association.

Le 28 juillet 1994, Mgr Antonio Maria Rouco Varela remplace Mgr Suquia Goicoechea à l'archevêché de Madrid, et il est créé cardinal en 1998.[2]

Le 1° février 2009, Mgr Antonio Maria Rouco Varela autorise que soient célébrées des messes avec les pèlerins, dans le « Prado Nuevo (= dans la prairie) » chaque premier samedi du mois.[3]

Il y a aussi diverses invitations à la prudence :

- Prudence devant la gestion des « associations de fidèles » (qui ne sont pas encore de véritables ordres religieux).

- Prudence devant le sort des enfants de ceux qui s'engagent dans les oeuvres du lieu. Il y a eu quelques plaintes, sans doute exceptionnelles [4]. La sainteté présumée des oeuvres ne dispense pas d'un regard extérieur. Dans leur croissance spirituelle, les jeunes doivent distinguer les faits extraordinaires de la vie théologale normale.

- En 2007, Monseigneur Obispo, évêque aux armées du Portugal, tout en respectant l'autorité de l'Eglise espagnole, a donc encouragé à la plus grande prudence devant ce qu'il perçoit comme une exploitation émotionnelle et financière[5].


René Laurentin et Patrick Sbalchiero, « L'Escorial », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007, annexes.

[1] En langue française, messages sur : http://jesusmarie.free.fr/apparitions_escorial.html

[2] https://www.archimadrid.es

[3] http://documenta.elmundo.orbyt.es/

[4] http://www.victimasaparicionesdelescorial.org/FISCALIA,%20DEFENSOR%20,CARDENAL.htm

[5] Emission télévisée portugaise (« SIC ») mars 2007 : http://www.victimasaparicionesdelescorial.org/JANUARIO%20TORGAL.htm


Synthèse provisoire, faite en décembre 2009 par F. Breynaert