Alain de la Roche (= Alain de Lille) et le Rosaire

Le Rosaire, origine et diffusion. Rôle d’Alain de la Roche.

Le rosaire en quinze dizaines, avec méditations des mystères

Un chartreux, Dom Henri Egher de Kalgar (†1408), instruit par la Vierge dans une vision, a élaboré une méthode de prière avec 5 Pater pour partager 50 Ave ; puis 15 Pater pour partager 150 Ave, soit autant que de Psaumes dans le Psautier, c'est « le Psautier de la Vierge ».

Peu après, Dominique Hélion (†1460), à la chartreuse de saint Alban près de Trèves (Prusse), introduisit des clausules, c'est-à-dire une phrase de méditation évangélique, à la fin de chaque Ave. Les clausules constituent des tableaux de la vie de Jésus et de sa mère, y compris les principaux faits du ministère public de Jésus.

Un autre chartreux, Dom Aldophe, commença à rendre populaire cette pratique.

Vient ensuite Alain de la Roche (Alain de Lille), dominicain (1428-1475).

Alain est né vers 1428 en Bretagne (France) et entra dans l'ordre dominicain vers 1450. Il fut prédicateur à Lille, Douai puis à Gand et à Rostock. Il fut incorporé à l'université de Mecklenburg et mourut à Zwolle.

Alain traversa une grave crise spirituelle entre 1457 et 1464. En 1464, la Vierge pendant une apparition mit au doigt d'Alain un anneau comme signe de fiançailles spirituelles et lui demanda de répandre le Rosaire et la confraternité du Rosaire.

Alain s'inspire du rosaire de Dominique Hélion, qu'il confond sans doute avec le fondateur des dominicains, saint Dominique.

Alain est plein d'imagination et de fantaisie et il est très porté au merveilleux. Il aime ajouter 15 sortes de miracles, surtout à caractère spirituel, qui correspondent aux 15 mystères du Rosaire.

Les fraternités du Rosaire :

En 1470, à Douai, Alain de la Roche fonde la première confraternité du Rosaire. L'entrée dans la fraternité était gratuite et les membres mettaient en commun les mérites et les fruits de leur vie spirituelle, et ils s'engageait à la récitation quotidienne du rosaire, sans cependant que ce soit un péché que d'y manquer.

Ils étaient inscrits sur un registre afin que tous se connaissent et fassent grandir entre eux tous un esprit de paix, de charité de bienveillance de miséricorde et de communion.

Ils étaient invités à la pratique de la confession sacramentelle fréquente et à participer à une célébration eucharistique spéciale le jour de la fête de saint Dominique.

On offrait aux petits enfants d'entrer dans la confraternité avec des prières adaptées à leur âge.

A tous était recommandé de porter sur soi le chapelet, comme signe d'appartenance au Christ.

Les confréries du Rosaire, nées dans les églises des Dominicains, s'établirent ensuite dans d'autres églises conventuelles ou en des églises paroissiales. Le pape Pie V confia aux Dominicains le soin de les guider.

Rapidement, le Rosaire dépasse de beaucoup les confréries : cette prière devient un trésor de l'Eglise universelle.

Les papes Léon XIII, Paul VI et Jean Paul II ont actualisé cette très belle prière.


Bibliographie :

Dom Yves GOURDEL, Le culte de la très Vierge dans l'ordre Chartreux, dans Hubert du Manoir, Maria, tome 2, Beauchêne, Paris 1952, p. 627-678

ALAIN de LA ROCHE, Compendium psalterii beatissimae Trinitatis, traduit en italien et inclus dans le livre de S.ORLANDI, Libro del Rosario della gloriosa Vergine Maria, CIDR 1965.

A .WILMART, Comment Alain de la Roche prêchait le Rosaire ou psautier de la Vierge, in La vie et les arts liturgiques, 11 (1924-1925), p. 108-115.

A. DUVAL, La dévotion mariale dans l'ordre des Frères prècheurs, in Maria, t II, pp. 768-776.

L. GAMBERO, Maria nel pensiero dei teologi latini medievali, San Paolo 2000, p. 293-299.


Françoise Breynaert