L’école de saint Victor (XI°-XIV° siècle)

L’école de saint Victor (XI°-XIV° siècle)

L'école de saint Victor était située à Paris et appartenait aux chanoines réguliers de saint Augustin. Supprimée en 1790, l'abbaye fut détruite en 1811. La devise de l'abbaye était : Jesus, Maria, sanctus Victor, sanctus Augustinus.

Elle a été matériellement fondée par Guillaume de Champeaux (1070-1121), en 1108, mais son véritable fondateur est Hugues de saint Victor, théologien, philosophe et mystique.

Hugues de saint Victor (1096-1141), sans doute instruit par des rabbins du Nord de la France, apprend l'hébreu et étudie le sens historique des Ecritures, car il juge que l'explication symbolique est téméraire sans le sens littéral. Dans le contexte du Moyen Age où l'explication symbolique se perdait en allégories échevelées, c'est un retour à la vision des pères de l'Eglise pour lesquels la typologie reposait toujours sur une figure historique.

Hugues de saint Victor développe les doctrines de virginité et sainteté de Marie en soulignant, comme saint Augustin, l'importance de la vie intérieure. Hugues admire la virginité de Marie : après le martyr, il n'existe pas de plus lumineuse sainteté que la virginité jointe à l'humilité. Mais la sainteté se reconnaît avant tout à la présence de la contemplation. Marie est toute parce qu'elle a été élevée aux sommets de la contemplation. Au moment de sa maternité divine, il lui est donné de contempler le Verbe de Dieu. Sous le poids d'une telle gloire et d'une telle suavité, elle se tait. C'est Elisabeth qui par sa salutation déclenche l'hymne de louange. (Hugues n'entend pas parler d'une vision béatifique continue).

Richard de saint Victor (1110-1173) est un mystique. Du point de vue de la doctrine mariale, il hérite du fait que saint Augustin avait pensé que le péché originel se transmettait charnellement ; infectée par la concupiscence, la chair infecte l'âme au moment de son union avec l'âme. C'est pourquoi il faut que Marie non seulement ait conçu virginalement, mais qu'elle ait transmis à Jésus une chair immaculée ; Marie a donc été au préalable sanctifiée par l'Esprit Saint.

L'école de saint Victor enseigne que Marie concours à l'œuvre de notre salut. Au calvaire, elle est proclamée Mère des vivants. En saint Jean, c'est tous ses disciples que Jésus confie à sa tendresse maternelle. Jean de Gerson (1363-1429) développera cette doctrine.


F. Breynaert. Cf. A. Sage A.A. La doctrine et le culte de Marie dans la famille augustinienne, dans Hubert du Manoir, Maria, tome 2, Beauchêne, Paris 1952, p. 681-692.