Sortir de l’impatience

Sortir de l’impatience

Quelle patience ne faut-il pas pour se laisser injurier, supporter la croix, les clous, la lance, le fiel ! Il reste calme, tranquille. Comme un agneau conduit à l'abattoir et une brebis sous les ciseaux du tondeur, il se tait, il n'ouvre pas la bouche. Regarde, ô humaine superbe et orgueilleuse impatience, ce qu'il a supporté, quel est celui qui supporte tout cela et comment il l'a supporté. Il faut méditer sur ces choses et non pas en disserter. « Père pardonne-leur ».

A ces mots admirables, pleins de douceur et de charité, qui ne ferait aussitôt la paix avec ses ennemis ? « Père pardonne-leur » dit-il, « car ils ne savent pas ce qu'ils font ».

Ce sont de grands pécheurs mais ils sont incapables de se rendre compte. Aussi « Père pardonne-leur », ils ignorent qui ils mettent en croix.

S'ils l'avaient su, « ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de la Gloire » (1Corinthiens 2, 8)


Aelred de Rivaulx (1110-1167), Le miroir de la charité, III, 5

Extraits de : Saint Aelred de Rivaulx, les éditions du Soleil levant, 1960, p.56-57