Les vertus font de Marie la maison de la Sagesse (St Bernard)

Les vertus font de Marie la maison de la Sagesse

Marie a-t-elle posséddé les quatre vertus cardinales, comme autant de colonnes ? C'est là un sujet qui paraît digne d'intérêt.

Voyons tout d'abord si elle a possédé la force. Au vrai, comment cette vertu aurait-elle pu manquer à cette femme qui, écartant toutes vanités mondaines et méprisant les voluptés charnelles, prit la résolution de vivre pour Dieu seul en gardant la virginité ? Si je ne m'abuse, c'est de cette Vierge qu'on lit dans Salomon : La femme forte, qui la trouvera ? Loin, aux extrêmes limites, se trouve sa valeur. C'est elle qui s'est montrée forte au point de broyer la tête du fameux serpent à qui le Seigneur avait dit : Je mettrai l'inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne; c'est elle qui t'écrasera la tête.

D'autre part, que Marie eût la tempérance, la prudence et la justice, nous en trouvons une preuve plus claire que le jour dans les paroles de l'ange et la réponse de la Vierge.

Voyez ! l'ange l'ayant saluée avec une profonde vénération: Je te salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, elle ne conçut aucun orgueil de se voir attribuer un privilège tout particulier de la grâce ; elle se tut, au contraire, en se demandant à part soi quel sens avait cette salutation insolite. En cela, que voit-on sinon une marque de tempérance ?

De plus, quand ce même ange lui dévoila les célestes mystères, Marie s'enquit avec soin de la manière dont elle concevrait et enfanterait puisqu'elle était résolue à ne pas user du mariage ; en cela, à n'en pas douter, elle fit montre de prudence.

Quant à la justice, elle en dresse l'étendard lorsqu'elle se déclare la servante du Seigneur, car témoigner est le propre des justes; ainsi l'atteste celui qui dit: Oui, les justes confesseront ton nom, les cœurs droits vivront devant ta face ; ailleurs, il est dit aux justes : Et vous direz à sa louange: les œuvres du Seigneur sont toutes excellentes!

La bienheureuse Vierge Marie fit montre

  • de force par sa détermination,

  • de tempérance par son silence,

  • de prudence par ses questions,

  • de justice par son témoignage.

Ainsi, grâce à ses quatre colonnes des vertus morales, et aux trois déjà citées de la foi, la céleste Sagesse se construisit une maison en Marie.

Elle remplit tellement l'âme de la Vierge que la chair elle-même devint féconde par la plénitude de l'âme, et que par une grâce unique, Marie put, tout en restant vierge, mettre au monde en la revêtant de chair cette même Sagesse qu'elle avait tout d'abord conçue dans la pureté de son âme.



Saint Bernard, extrait du sermon 52.

Dans Ecrits sur la Vierge Marie, Médiaspaul, Paris 1995, p. 151-153

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