Bénie es-tu entre les femmes (St Thomas d’Aquin)

Bénie es-tu entre les femmes (St Thomas d’Aquin)

Trois malédictions ont été prononcées contre les hommes à cause du péché.

La première fut prononcée contre la femme, c'est qu'elle concevrait dans la corruption, que sa gestation serait pénible, et qu'elle enfanterait dans la douleur. Mais la bienheureuse Vierge ne fut point soumise à cette malédiction, parce qu'elle conçut sans aucune espèce de corruption, sa gestation fut pleine de consolation, et elle enfanta le Sauveur dans la joie. Il est dit dans Isaïe, chapitre 35 : "Elle poussera et elle germera dans l'effusion de la joie et de la louange."

La seconde fut prononcée contre l'homme, et c'est qu'il mangerait son pain à la sueur de son front. La bienheureuse Vierge fut exempte de cette malédiction, parce que, comme dit l'Apôtre, Epître aux Corinthiens, chapitre 7 : "Les Vierges sont libres des soucis du monde, elles ne s'occupent que du service de Dieu."

La troisième fut commune à l'homme et à la femme, c'est qu'ils deviendraient poussière; et la bienheureuse Vierge en fut préservée, parce qu'elle fut enlevée avec son corps dans le ciel. Il est dit, Psaume 131, 8 :"Levez-vous, Seigneur, pour entrer dans votre repos, vous et l'arche où éclate votre sainteté."

Ainsi donc elle fut exempte de toute malédiction, et par conséquent bénie entre toutes les femmes, parce que c'est elle-même qui leva la malédiction, apporta la bénédiction, ouvrit la porte du paradis, et, ce qui est plus encore, le nom de Marie, qui signifie étoile de la mer, lui convient, parce que, comme l'étoile de la mer conduit au port les navigateurs, de même Marie conduit les chrétiens à la gloire.


Saint Thomas d'Aquin, Commentaire de la salutation angélique,

traduction par l'Abbé Bralé, Editions Louis Vivès, 1857

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