La mort d'Édith Stein en 1942


Parce que sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein) était juive, la prieure des carmélites de Cologne fit tout son possible pour la conduire à l'étranger. Dans la nuit du 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites d’Echt, en Hollande. C’est en ce lieu qu’elle fut arrêtée par la Gestapo, avec sa sœur Rosa, qui l’avait rejointe à Echt, le 2 août 1942.

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La fuite au carmel d’Echt

La prieure des carmélites de Cologne fit tout son possible pour protéger Édith Stein des nazis, en la conduisant à l'étranger. Dans la nuit du 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites d’ Echt, en Hollande.

C'est en ce lieu qu'elle écrivit son testament, le 9 juin 1939:

"Déjà maintenant j'accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très volonté, la mort que Dieu m'a destinée. Je prie le Seigneur qu'Il accepte ma vie et ma mort [...] en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l'Allemagne et la paix dans le monde".

Édith désire aussi "simplement raconter ce que j'ai vécu en tant que juive", et écrivit son autobiographie, sous le titre de Vie d'une famille juive :

"Face à "la jeunesse qui aujourd'hui est éduquée depuis l'âge le plus tendre à haïr les juifs [...] nous, qui avons été éduqués dans la communauté juive, nous avons le devoir de rendre témoignage".

En 1941, elle écrivit à une religieuse avec laquelle elle avait des liens d'amitié :

"Une scientia crucis (la science de la croix) peut être apprise seulement si l'on ressent tout le poids de la croix. De cela j'étais convaincue depuis le premier instant et c'est de tout cœur que j'ai dit: Ave Crux, Spes unica (je te salue Croix, notre unique espérance)".

À l'occasion du 400ème anniversaire de la naissance du Docteur de l'Église saint Jean de la Croix, sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein) entreprit l'étude de sa théologie mystique, et rédigea Scientia Crucis (La Science de la Croix), ouvrage dans lequel elle synthétisa la pensée du Docteur de l’Église avec la sienne. Cette synthèse lui permit de parcourir son propre cheminement intellectuel et spirituel, et d’en montrer les étapes.

Privée du droit d’émigrer, elle ne put s’enfuir dans un Carmel en Suisse, comme elle le souhaitait, pour échapper à la déportation.

L'arrestation et la déportation

Le 2 août 1942, la Gestapo arriva. Édith Stein se trouvait dans la chapelle, avec les autres sœurs. En moins de 5 minutes elle dut se présenter, avec sa sœur Rose qui avait été baptisée dans l'Église catholique et qui travaillait chez les Carmélites d’ Echt.

Les dernières paroles d'Édith Stein que l'on entendit à Echt s'adressèrent à sa sœur :

"Viens, nous partons pour notre peuple".

Avec de nombreux autres juifs convertis au christianisme, les deux femmes furent conduites au camp de rassemblement de Westerbork.

Il s'agissait d'une vengeance contre le message de protestation des évêques catholiques des Pays-Bas contre le pogrom et les déportations de juifs.

"Que les êtres humains puissent en arriver à être ainsi, je ne l'ai jamais compris et que mes soeurs et mes frères dussent tant souffrir, cela aussi je ne l'ai jamais vraiment compris [...] ; à chaque heure je prie pour eux. Est-ce que Dieu entend ma prière ? Avec certitude cependant il entend leurs pleurs".

Le professeur Jan Nota, qui lui était lié, écrira plus tard :

"Pour moi elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu".

À l'aube du 7 août, un convoi de 987 juifs partit en direction d'Auschwitz. Et le 9 août 1942, sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, sa sœur Rose et de nombreux autres membres de son peuple, moururent dans les chambres à gaz d'Auschwitz.

Sources et bibliographie :

W. Herbstrith, Édith Stein, la puissance de la Croix. Paris : ed. Nouvelle Cité, 1982.

C. Rastoin, Édith Stein et le mystère d'Israël, Ad Solem, 1998.

F. Gaboriau, Lorsque Édith Stein se convertit, éditions Ad Solem, 1997.

Y. Moix, Mort et vie d'Édith Stein. Paris : éditions Grasset et Fasquelle 2008.

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Pour en savoir plus

-sur sainte Édith Stein (1891-1942), dans l’Encyclopédie mariale

-sur la spiritualité de sainte Édith Stein, dans l’Encyclopédie mariale

-sur la souffrance comme travail d’enfantement (Jean-Paul II), dans l’Encyclopédie mariale

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