Le Cœur de Marie, Cœur apostolique (Libermann, 1845)

Le Cœur de Marie, Cœur apostolique (Libermann)

Jacob Libermann est né à Saverne (Alsace) le 12 avril 1802 dans une famille juive, et il envisage de devenir rabbin, comme son père. Mais il devient chrétien, puis prêtre, et fondateur des Missionnaires du Saint Cœur de Marie, puis il redonne vie en 1848, au séminaire de la congrégation du Saint-Esprit (les Spiritains) dont il est considéré comme le second fondateur.

Nous sommes appelés à l'apostolat ; or, pour exercer l'apostolat avec fruit, de quoi avons-nous besoin, sinon de l'esprit apostolique ? Et cet esprit apostolique, où pourrons-nous le trouver plus parfait et plus abondant, après notre Notre Seigneur, que dans le cœur de Marie, qui en a été tout rempli, ur éminemment apostolique et tout enflammé de désirs pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ?

Sans doute, elle n'a pas parcouru les mers et les pays éloignés, comme Pierre Paul et les autres apôtres. Pourquoi ? Parce que ce n'était pas sa destination ; mais si telle avait été la volonté de Dieu sur elle, rien ne lui aurait manqué ; cet esprit apostolique, qui la remplissait, l'aurait mise en action, selon tous les desseins de Dieu sur elle. Dieu ne l'a point voulu, et Marie, devait, dans la retraite, diriger sur les âmes les grâces de conversion et de sanctification.

Du haut du ciel, elle continue, pour la dilatation de l'Eglise, ce qu'elle a fait pour ses commencements.

Nous devons donc considérer le Cœur de Marie comme le modèle parfait du zèle dont nous devons être dévorés, et comme une source abondante où nous devons sans cesse le puiser.

C'est notre modèle, et, par-là, nous apprenons quel doit être l'esprit de notre société : un esprit intérieur, un esprit de sainteté. Le véritable zèle apostolique, tel qu'il se trouvait dans le Cœur de Marie, ne peut résider dans un esprit dissipé ou dans un cœur attaché aux créatures.

Nous devons donc, pour imiter notre modèle, nous appliquer à la Vie d'oraison, au détachement des créatures, au renoncement à nous-mêmes, afin que notre cœur devienne semblable, conforme au cœur si pur, si saint, si charitable de notre bonne Mère...

Si notre cœur est rempli de cette charité ardente, qui brûlait dans le cœur de Marie, nous serons toujours propres à répandre ce feu [...].

En second lieu, le Cœur de Marie est la source toujours ouverte où nous devons puiser cet esprit apostolique. Marie, d'après les Pères, est le canal par lequel Dieu nous communique toutes ses grâces ; elle est une Mère pleine de tendresse pour tous les hommes.

Mais pour nous, nous aurons un droit spécial de recourir à son cœur si bon ; un motif de confiance tout particulier en sa toute puissante protection : d'abord, à cause de la Consécration totale que nous faisons de tout nous-mêmes et de toute notre Société à son Saint Cœur... Nous pouvons donc aller, avec la plus grande confiance, puiser à cette source intarissable, pour obtenir toutes les grâces dont nous aurons besoin pour notre sanctification et celle des autres.

Le saint Cœur de Marie nous est donné pour être la lumière qui doit nous guider et la force qui doit nous soutenir dans nos travaux. »


Enseignement de Libermann recueilli par un novice en 1844-1845, M. De Lannurien. (Il sera, en 1853 le premier supérieur du séminaire français de Rome). Notes et documents Paris, Maison mère, 1929-1941, tome XIII, supplément, p. 3-4. Publié dans Marie, janv-février 1952, p. 120 ou dans Hubert du Manoir, Maria, tome 3, Beauchêne, Paris 1954, p. 392-394.

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