L'Incarnation restaure notre connaissance de Dieu

L'Incarnation restaure notre connaissance de Dieu

Dieu avait créé les hommes pour que les hommes puissent le connaître, mais les hommes se sont détournés de lui :

« Et pourquoi donc Dieu aurait-il fait les hommes, s'il n'avait voulu être connu d'eux ? Aussi, il les crée selon son image et ressemblance. [...]

Mais les hommes méprisèrent le don qui leur était fait ; ils se détournèrent de Dieu et souillèrent à ce point leur âme qu'ils n'oublièrent pas seulement l'idée de Dieu, mais se forgèrent toutes sortes d'autres dieux à sa place. » (1)

En s'incarnant, le Seigneur fixe sur soi les sens de tous les hommes afin que partout où les hommes étaient attirés, il les ramène et leur enseigne son véritable Père :

« Puis donc que les hommes s'étaient détournés de la contemplation de Dieu et, enfoncés comme dans un abîme, gardaient les yeux fixés en bas, cherchant Dieu dans la création et dans les objets des sens, d'hommes mortels et de démons se faisant des dieux, pour cette raison le Verbe de Dieu, ami des bommes et commun sauveur de tous, prend pour lui un corps, et vint en homme parmi les hommes, et fixe sur soi les sens de tous les hommes. Ainsi ceux qui se représentaient Dieu dans des êtres corporels connaîtraient la vérité à partir des oeuvres que le Seigneur accomplirait dans le corps, et par lui considéreraient le Père. » (2)

Saint Athanase donne quelques exemples ; les hommes en voyant le Christ, se détournent du culte de la nature, des démons ou des morts.

« En hommes ne pensant que choses humaines, partout où ils appliqueraient leurs sens, ils se verraient attirés et ils apprendraient la vérité en tous lieux.

Car ils étaient ou bien saisis d'un transport sacré pour la création, mais ils la voyaient confesser le Christ Seigneur ; ou bien leur pensée était prévenue en faveur des hommes, au point de les prendre pour des dieux, mais s'ils les comparaient avec les oeuvres du Sauveur, ils voyaient que parmi les hommes seul le Sauveur est Fils de Dieu, aucune oeuvre chez ceux-là valent celles que réalisait le Verbe de Dieu.

Même pour les démons ils étaient prévenus, mais en les voyant chassés par le Seigneur, ils découvraient que lui est le Verbe de Dieu, et que les démons ne sont pas des dieux.

Et si leur esprit se trouvait alors possédé par la pensée des morts, de sorte qu'ils rendaient un culte aux héros et à ceux que les poètes appellent des dieux, voyant la résurrection du Sauveur ils confessaient que c'étaient des mensonges, et que le seul vrai Seigneur était le Verbe du Père, qui dominait aussi la mort.

Voilà pourquoi il est né, est apparu comme un homme, est mort, est ressuscité, émoussant et obscurcissant par ses propres oeuvres tout ce que les hommes avaient fait, afin que partout où les hommes étaient attirés, il les ramène et leur enseigne son véritable Père, comme lui-même le dit : « Je suis venu sauver et trouver ce qui était perdu. »

Le Sauveur, durant tout le temps de son Incarnation, est pour nous une lumière qui nous renouvelle :

« 16,1. Car une fois l'esprit des hommes tombé dans le sensible, le Verbe s'abaissa jusqu'à paraître dans un corps, afin de centrer les hommes sur lui-même en tant qu'homme et de détourner vers lui leurs sens ; désormais ils le verraient comme un homme ; par ses oeuvres il les persuaderait qu'il n'est pas un homme seulement, mais Dieu, Verbe et Sagesse du Dieu véritable.

2. C'est ce que veut indiquer Paul :

"Enracinés et fondés dans l'amour, pour que vous receviez la faveur de comprendre, avec tous les saints, ce qu'est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur, et de connaître l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance, pour que vous entriez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu." [Eph 3, 17-19] »

[...]

4. C'est pourquoi il n'a pas dès sa venue offert son sacrifice pour tous, en livrant le corps à la mort et en le ressuscitant, quitte à se rendre invisible de ce fait même.

Il s'est au contraire montré visible par ce corps, en y demeurant, accomplissant des oeuvres et présentant des signes, qui le font connaître non plus comme un homme, mais comme Dieu Verbe.

5. Des deux côtés, le Sauveur par son incarnation a témoigné de sa philanthropie :

d'une part, il faisait disparaître la mort de chez nous et nous renouvelait (4) ;

d'autre part, étant sans apparence et invisible, il apparaissait à travers ses oeuvres et se faisait connaître comme le Verbe du Père, le chef et le roi de l'univers. » (5)


(1) ATHANASE D'ALEXANDRIE, De Incarnatione 11, 2-3 ; traduction ans Sources chrétiennes n° 199, par Charles KANNENGIESSER, Cerf 1973, p. 305.

(2) ATHANASE D'ALEXANDRIE, De Incarnatione 15,2

(3) ATHANASE D'ALEXANDRIE, De Incarnatione 15, 3-7

(4) Sur ce point, il faudrait lire d'autres textes de saint Athanase, par exemple, De Incarnatione, 10.

(5) ATHANASE D'ALEXANDRIE, De Incarnatione 16, 1-5.


Lire plus sur saint Athanase (295 - vers 373)

F. Breynaert