Marie se souvient pour transmettre


Le Christ en croix a confié à la Vierge Marie, sa Mère, une mission : celle de Sa maternité spirituelle. Dès lors, la Vierge Marie a exercé cette maternité spirituelle en enseignant les apôtres, en les encourageant après l’Ascension du Christ, en les préparant à recevoir l’Esprit Saint à la Pentecôte, etc. 

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Se souvenir pour transmettre 

La tradition chrétienne a vu en la Vierge Marie la source principale des informations concernant l’enfance de Jésus. L’évangile de Luc montre la Vierge Marie gardant précieusement souvenir de ce qu’Elle a vu.

« Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur». (Lc 2,19)[1]

« Et sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur ».(Lc 2,51)[2]

Dans la Bible

Déjà, dans l’Ancien Testament, on trouve plusieurs occurrences de cette nécessité de se souvenir, et de transmettre. Par exemple, Moïse exhorte ainsi les fils d’Israël :

 

 « Ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues, ni les laisser, en aucun jour de ta vie, sortir de ton cœur ; enseigne-les au contraire à tes fils et aux fils de tes fils ». (Dt 4,9)[3]

De même, le vieux Tobit dit à son fils :

« Je vous ai déjà enseigné qu’il convient de garder le secret du roi, tandis qu’il convient de révéler dignement les œuvres de Dieu. » (Tb 12,11)[4]

Dans le Nouveau Testament, on trouve plusieurs mentions de transmission, d’abord dans les évangiles :

Dans l’évangile de st Luc, par exemple, il est fait mention du Gérasénien délivré de la possession, qui raconte à toute la ville ce que le Seigneur a fait pour lui (Lc 8,39)[5] ;

Dans le même évangile, les disciples racontent à Jésus ce qu’ils ont fait (Lc 9,10)[6],

Dans les Actes des Apôtres, Pierre raconte l’épisode du centurion Corneille (Ac 11,4), et plus tard comment le Seigneur l’a sorti de prison (Ac 12,17)[7] etc.

La Vierge Marie

La tradition chrétienne a vu en Marie la source principale des informations concernant l’enfance de Jésus.

Cette conviction a son fondement dans les textes de Luc (Évangile) et dans les Actes des Apôtres.

Saint Luc écrit : « d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole » (Lc 1,2)[8].

Les événements de la Résurrection ont pour témoin les femmes (Lc 24,9.10.23), elles sont venues avec Jésus de la Galilée (Lc 23,55 cf. 8,1-3).

Les apôtres sont « de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu’au jour où il nous fut enlevé » (Ac 1, 21-22).

Les disciples, les femmes, les apôtres sont des témoins oculaires de la vie publique de Jésus, mais seule Marie est témoin de l’Incarnation.

En outre, pour transmettre le témoignage, Jésus ressuscité prévient, avant son Ascension, qu’il est nécessaire de recevoir la force de l’Esprit Saint : « Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins …» (Ac 1,8). La Vierge Marie fait partie de la communauté sur laquelle descend l’Esprit de la Pentecôte, elle transmet également son témoignage.

Le pape Jean Paul II parle ainsi de la mission de la Vierge Marie[9] :

Marie n'a pas reçu directement cette mission apostolique. Elle n'était pas parmi ceux que Jésus envoya pour «faire des disciples de toutes les nations» (cf. Mt 28, 19), lorsqu'il leur conféra cette mission. Mais elle était dans le Cénacle où les Apôtres se préparaient à assumer cette mission grâce à la venue de l'Esprit de Vérité: elle était avec eux. Au milieu d'eux, Marie était «assidue à la prière» en tant que «Mère de Jésus» (cf. Ac 1, 13-14), c'est-à-dire du Christ crucifié et ressuscité. Et le premier noyau de ceux qui regardaient «avec la foi vers Jésus auteur du salut» savait bien que Jésus était le Fils de Marie et qu'elle était sa Mère, et que, comme telle, elle était depuis le moment de la conception et de la naissance, un témoin unique du mystère de Jésus, de ce mystère qui s'était dévoilé et confirmé sous leurs yeux par la Croix et la Résurrection. Dès le premier moment, l'Eglise «regardait» donc Marie à travers Jésus, comme elle «regardait» Jésus à travers Marie. Celle-ci fut pour l'Eglise d'alors et de toujours un témoin unique des années de l'enfance de Jésus et de sa vie cachée à Nazareth, alors qu'«elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur» (Lc 2, 19; cf. Lc 2, 51).

La transmission des évangiles de l’enfance du Christ

La tradition de l’Église croit que Marie a témoigné des événements de l’enfance du Christ, et ce dès le haut Moyen Age: Paschase Radbert († 865)[10]; plus tard, Rupert de Deutz († 1129) [11] et d’autres l’affirment.

Plus récemment, le pape Jean Paul II dit dans sa Lettre encyclique Redemptoris Mater que Marie, en tant que Mère de Jésus, était « depuis la conception et la naissance, un témoin singulier du mystère de Jésus. » (Lettre encyclique Redemptoris Mater n° 26)[12]

Source :

 A. SERRA, Memoria e contemplazione (Lc 2,19.51b),, In : “Theotokos” VIII (2000), p. 821-859.

N.B. "Theotokos" : centro Mariano Monfortano, via Romagna, 44 – 00187 Roma.


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Pour en savoir plus

Sur la Vierge Marie au Cénacle et à la Pentecôte, dans l’Encyclopédie mariale

Sur la maternité spirituelle de la Vierge Marie, selon les Pères de l’Église, dans l’Encyclopédie mariale

Sur la maternité spirituelle de l’Église, dans l’Encyclopédie mariale

Sur st Paschase Radbert, dans l’Encyclopédie mariale  

Sur st Rupert de Deutz, dans l’Encyclopédie mariale

A. M. Serra, o.s.m. Prof. d'Écriture sainte, Pont. fac. teol. Marianum, Rome