Marie et l’Eglise (S. Augustin † 430)

Marie et l’Eglise (S. Augustin † 430)

Sur le rapport "Marie et Église", saint Augustin explique ceci :

- Marie est membre de l'Église, membre sublime et saint, mais seulement un membre: l'Église est le "corps" dont font partie tous les membres, y compris Marie, et l'Eglise forme avec sa tête (le Christ) une seule chose : le Christ total.

- Il y a un rapport de "similitude" entre l'Église et Marie, vierge et mère.

- Marie est mère des membres du Christ, c'est-à-dire des fidèles.

- La charité est le fondement de toute fécondité spirituelle.

Faire la volonté du Père pour devenir mère et soeur du Christ

Ce que Marie a accompli en faisant la volonté du Père (sa volonté de salut pour que tous deviennent le corps du Christ), l'Eglise et chaque fidèle continue de l'accomplir comme elle et avec elle.

« Le Christ a pour frères et pour sœurs tous les hommes et toutes les femmes qui se sanctifient parce qu'ils sont ses cohéritiers dans l'héritage céleste : sa mère, c'est l'Église toute entière, car, par la grâce de Dieu, c'est elle qui met au monde ses membres, c'est-à-dire ses fidèles.

Sa mère, c'est encore toute âme pieuse qui accomplit la volonté de son Père, en vertu de cette charité qui est si féconde en ceux qu'elle enfante jusqu'à ce que le Christ lui-même soit formé en eux.

Marie elle-même, en faisant la volonté de Dieu, n'est, corporellement, que la mère du Christ ; mais spirituellement, elle est donc et sa sœur et sa mère. »[1]

La charité de l'Esprit Saint : source de fécondité spirituelle.

Marie, mère des membres du Christ.

Augustin, pose le fondement de la maternité spirituelle aussi bien de Marie que de l'Eglise, et c'est la charité.

La charité provient de la foi, et rend Marie féconde en engendrant le Christ-tête par l'œuvre de l'Esprit Saint.

La charité rend féconde aussi Marie en coopérant dans l'Église à la régénération du corps du Christ, c'est-à-dire de tous les membres, durant toute l'histoire.

« Cette femme unique [Marie] est vierge et mère non seulement selon l'esprit, mais aussi selon le corps.

Elle n'est pas la mère, selon l'esprit, de notre chef qui est le Sauveur lui-même ; spirituellement, elle est plutôt sa fille, - car tous ceux qui auront cru en lui, et elle est du nombre, sont appelés à juste titre les fils de l'époux (Mt 9, 15) ; - mais elle l'est de toute évidence de ses membres - et nous en sommes - car elle a coopéré, par la charité, à la naissance, dans l'Église, des fidèles qui sont les membres de ce chef ; selon la chair, au contraire, elle est la mère du chef lui-même.

Il fallait en effet que notre chef, par un miracle insigne, naquit, selon la chair, d'une vierge, pour signifier que ses membres naîtraient, selon l'esprit, de cette autre vierge qu'est l'Église. » [2]

Le regard de saint Augustin ne s'étend pas à tout le chemin historique de l'Église mais il se fixe sur le moment décisif de l'Annonciation, quand le Christ s'insère par Marie dans notre « pâte » en la transformant ; c'est alors que la foi et l'amour de la Vierge, envers lui et envers nous, lui donne d'être la mère de la tête ainsi que la mère des membres.

Brève synthèse

Jésus avait dit: "Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-ci est mon frère, ma sœur et ma mère". Avant tout, l'Église est la Mère du Christ, parce qu'elle engendre ses membres. Les fidèles peuvent devenir aussi "mère" du Christ dans la mesure où ils font la volonté du Père.

Augustin présente son interprétation de "faire la volonté du Père": faire la volonté du Père veut dire aimer les hommes pour qu'ils soient régénérés en Dieu et que le Christ soit formé en eux. Ceci suppose une charité authentique.

Si donc celui qui fait la volonté du Père devient spirituellement "mère" du Christ, Marie l'est aussi, et plus que tout autre fidèle, « Marie a coopéré, par la charité, à la naissance, dans l'Église, des fidèles qui sont les membres de ce chef. » Il s'agit d'une coopération efficace à la naissance spirituelle des hommes qui se réalise dans l'Eglise et par l'Eglise.


[1] Saint Augustin, De la virginité, 6, dans L'ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.205.

[2] Saint Augustin, De la virginité, 5, dans L'ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.204.

[3] Saint Augustin, De la virginité, 5, dans L'ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.205.


A.Gila

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