La Cène chez les Réformateurs

La Cène chez les Réformateurs

Les réformés « font la cène » dans le cadre d'un culte dominical, car, disent-ils, elle est, avec la prédication, un moyen dont use Dieu pour édifier une assemblée en Eglise.

Quant aux paroles du Christ « ceci est mon corps », ils les interprètent de manière variée.

Luther : la consubstantiation

Luther reprend de Jean Hus et John Wycliff l'idée de la consubstantiation : le corps du Christ est présent, avec, dans et sous les espèces eucharistiques, mais non à leur place comme dans la transsubstantiation.

« Considère le feu et le fer : ces deux substances sont tellement mêlées au sein du fer incandescent que chaque partie de ce dernier est à la fois fer et feu. Pourquoi, à bien plus forte raison, le corps glorieux du Christ ne pourrait-il pas se trouver aussi en chaque partie de la substance du pain »

(Luther, De la captivité babylonienne de l'Eglise, octobre 1920)

Uldrych Zwingli, le Christ est vraiment spirituellement présent.

« nous devons, quant à la cène, comprendre « est » dans le sens de « signifie ». (intervention au colloque de Marbourg, 1529).

« Je crois que dans le repas sacré de l'eucharistie (c'est-à-dire d'action de grâces) le vrai corps du Christ est présent par la contemplation de la foi, [...] et qu'ainsi tout ce que le Christ a accompli devient comme présent par la contemplation de la foi. »

(Exposé de la foi, 1530)

Calvin : un symbole et un mémorial

« Contentons-nous donc d'avoir le pain et le vin pour signes et témoignages, cherchant spirituellement la vérité, où la parole de Dieu promet que nous la trouverons. »

(Calvin, la forme des prières et chants ecclésiastiques)

« L'Esprit de Dieu est le lien de cette participation [à la Cène], cause pour laquelle elle est appelée spirituelle. »

(Calvin, petit traité).

L'importance des présupposés philosophiques

De ce rapide parcours, il ressort que les débats entre les réformateurs en disent plus sur les présupposés philosophiques que sur les textes bibliques.

Luther adopte une position nominaliste (seul ce qui est singulier est réel) quand il conçoit la présence réelle du Christ dans les espèces comme singularité matérielle.

Zwingli n'accorde de réalité qu'à l'Esprit du Christ, les espèces n'étant que le symbole ou le mémorial de sa présence. Pour Calvin, il faut distinguer pour ne pas les confondre, mais il ne faut séparer les espèces de ce qu'elles représentent.

La réflexion de Port royal : un jalon pour le dépassement des oppositions

Pour les jansénistes (catholiques) de Port royal, tout aussi philosophes que les réformateurs, la disjonction protestante : ou la présence ou le sacrement leur apparaît comme une logique non biblique.

Dans l'histoire sont donnés simultanément et la présence de Dieu et le sacrement de cette présence. Ainsi, Dieu est présent dans l'arche, mais l'arche est le signe de sa présence. La colombe qui descend du ciel au baptême de Jésus est et signifie à la fois la présence de l'Esprit. De même les langues de feu de Pentecôte. (Cf. Port royal, La Logique XIV, 1662).

Actuellement, la réflexion œcuménique à conduit à un large accord. Cf. lien ci-dessous.


Françoise Breynaert.

Cf. Cahiers Evangile n°140, juin 2007

Eucharistie et oecuménisme (chapitre)