La quatrième demeure (Ste Thérèse d’Avila)

La quatrième demeure (Ste Thérèse d’Avila)

Le château intérieur, auquel Thérèse d'Avila compare notre âme, possède symboliquement sept demeures, de plus en plus lumineuses, de plus en plus proches de Dieu.

Dans les premières demeures, il s'agit de commencer à prier et à méditer sur la révélation divine.

Il y a des "régals" au cours de la méditation, "des larmes et des désirs souvent favorisés par la disposition du moment."

Tout cela aboutit à Dieu, et c'est déjà marcher sur la bonne voie.

Alors Thérèse d'Avila encourage à aller plus loin :

"Ces âmes feraient bien par moment à accomplir des actes, à louer Dieu, à se réjouir de sa bonté, à le voir semblable à Lui-même, à souhaiter son honneur et sa gloire : cela de leur mieux car c'est un excellent moyen d'éveiller la volonté."

(Quatrièmes demeures I, 6)

"Il ne s'agit pas de beaucoup penser mais de beaucoup aimer ; donc, tout ce qui vous incitera à aimer davantage, faites-le.

Nous ne savons peut etre pas ce que c'est qu'aimer, je n'en serai pas très étonnée ; or il ne s'agit pas de goûter le plus grand plaisir, mais d'avoir la plus forte détermination de désirer toujours contenter Dieu, et chercher, autant que possible à ne pas l'offenser, de le prier de faire toujours progresser l'honneur et la gloire de son Fils, et grandir l'Église Catholique."

(Quatrièmes demeures I, 7)

Les épreuves de la 4° demeure et la conduite à tenir :

Thérèse d'Avila, qui l'a vécu, témoigne de tumultes de la pensée, et elle commente :

"Pour la plupart, toutes nos inquiétudes et nos épreuves viennent de ce que nous ne nous comprenons pas.... Il est fort pénible, presque intolérable, que l'obstacle soit en nous-mêmes...

Contentons-nous de moudre notre farine [c'est à dire de participer aux prières, de lire l'Evangile, de méditer etc...] sans que cessent d'agir la volonté et l'entendement... et ne pas accuser notre pauvre âme de ce que font notre faible imagination, notre nature, et le démon."

(Quatrièmes demeures I, 8-14)

La dilatation et le bonheur qui s'opère dans les 4° demeures :

"[Thérèse d'Avila parle d'une faveur surnaturelle], elle émane avec une quiétude immense et paisible du plus intime de nous-même... quiconque l'éprouvera, l'homme extérieur tout entier jouit de ce plaisir et de cette douceur... le coeur s'est dilaté... Ô mon Seigneur et mon Dieu, que vos grandeurs sont grandes ! ... tout notre intérieur se dilate et s'élargit, et on ne saurait exprimer tout le bien qui en résulte, l'âme elle-même ne peut comprendre ce qui lui est donné. Elle respire un parfum, disons-le maintenant, comme s'il y avait dans cette profondeur intérieure un brasero..."

(Quatrièmes demeures II, 4-9)

Mais la délectation n'est pas forcément nécessaire au progrès :

"Ne parlons pas de l'heure où le Seigneur consent à l'accorder : c'est au gré de Sa Majesté, uniquement...Dieu sait mieux que nous ce qui nous convient, et qui l'aime vraiment ; c'est vrai, je le sais, je connais des gens qui suivent la voie de l'amour comme ils le doivent, uniquement pour servir leur Christ crucifié..."

(Quatrièmes demeures II, 9)

Dieu, qui habite dans le château intérieur, appelle les puissances de l'âme à venir plus à l'intérieur, comme un berger siffle pour appeler le troupeau dispersé :

"Le sifflement du pasteur a une telle puissance qu'ils [les sens, les puissances] abandonnent les choses extérieures qui aliénaient leur raison, et rentrent dans le château."

(Quatrièmes demeures III, 2)

Thérèse d'Avila compare alors la grâce une eau qui coule de source, mais elle recommande de ne pas cesser nos efforts :

"Il ne faut pas abandonner l'action de l'entendement lorsque l'eau coule de source sans que les aqueducs l'amènent, l'entendement se modère ou est contraint de se modérer."

(Quatrièmes demeures III, 8)

Les effets, les fruits de la 4° demeure : libération des peurs, endurance, perfectionnement des vertus, vie en Dieu.

"Ainsi, elle n'est plus oppressée par la frayeur de l'enfer, car tout en ayant un plus grand désir de ne point offenser Dieu (ici, elle perd sa peur servile), elle a grande confiance de jouir de lui un jour. La crainte qu'elle eut de détruire sa santé en faisant pénitence, elle la rejette entièrement en Dieu ; ses désirs de se mortifier s'accroissent.

Son appréhension des épreuves diminue car sa foi est plus vive, et elle comprend que si elle les endure pour Dieu, Sa Majesté lui accordera la grâce de les supporter patiemment ; elle les désire même parfois, car elle a aussi la ferme volonté de faire quelque chose pour Dieu.

Comme elle connaît mieux sa grandeur, elle se juge d'autant plus misérable ; comme elle a déjà goûté aux délices de Dieu, elle voit que celles du monde ne sont qu'ordure ; elle s'en éloigne peu à peu, et, pour le faire, elle a plus d'empire sur elle-même.

Enfin, elle se perfectionne dans toutes les vertus, tout notre bonheur dépend de cette persévérance."

(Quatrièmes demeures III, 9)


Lire plus sur Thérèse d'Avila,

Le Château intérieur, 4° demeures, chapitre I, II, III.

Synthèse Françoise Breynaert