La fontaine de la Vierge

La fontaine de la Vierge, à Nazareth

Le matin lumineux d'Orient pénètre la nature de ses couleurs aux nuances infinies.

C'est le jour radieux qui se lève: des portails, des arrière cours, des ruelles tortueuses les femmes de Nazareth s'empressent, descendant la rue plus large qui conduit à la fontaine de la Vierge.

Dans un flot de bavardages elles vont, en procession désordonnée, portant la grande amphore en équilibre instable sur leur tête. Toutes, elles sont vêtues du costume traditionnel aux couleurs riantes qu'elles portent avec grâce et élégance.

Une légende fort ancienne veut que Marie ait laissé aux femmes de son pays le rare bonheur de reproduire à jamais quelque reflet de sa beauté. Et dans l'euphorie de la lumière mobile du matin, les nazaréennes font revivre la grâce du visage de la Toute-Belle.

Elles vont puiser de l'eau à la fontaine de la Vierge. Sa source prend naissance dans le flanc du Djebel es-Sik, à cent- -cinquante mètres de la fontaine qui en constitue le bassin de réserve.

L'eau y parvient par une canalisation taillée dans la pierre jusqu'à l'église Saint-Gabriel et de là par un aqueduc en maçonnerie.

L'église Saint-Gabriel, construite en 1767, s'élève sur les ruines d'une église médiévale que nous connaissons par l'hégoumène Daniel. Il la localise précisément sur la source, parce qu'il reproduit la légende apocryphe et le pseudo-Matthieu affirme que l'ange y apparut une première fois à Marie.

Comme c'est le cas de presque toutes les agglomérations, cette source aurait suggéré, par analogie, le nom de Nazareth «fleur de Galilée», fleur épanouie sur la fraîcheur des eaux. Cependant les fouilles, pratiquées en 1955, ont révélé que la source jaillit sensiblement à l'écart du centre habité, comme il est constaté à Reneh, à Cana et à Séphoris.

A la fontaine de la Vierge, les femmes attendent leur tour dans une : atmosphère de cordialité où fusent les rires et les exclamations.

Mais au moment de, remplir l'amphore et les outres, elles paraissent recueillies et sous l'effet d'une évidente émotion.

Si toute source d'eau vive est en vérité un miracle permanent de la Providence, un don libéral fait à l'homme pour adoucir la sentence qui le condamne à manger son pain à la sueur de son front, que dire de la fontaine de la Vierge?

Elle est sacrée dans l'histoire de Nazareth. Et le pèlerinage du matin qui s'y rend chaque jour, s'accomplit avec la ferveur d'un rite religieux.