La pédagogie divine s'adapte aux publics et aux temps

Jésus a dispensé une formation différentiée :
1°/ pour la foule,
2°/ pour les disciples,
3°/ pour les Apôtres,
4°/ pour les 3 Apôtres privilégiés
5°/ pour l'Apôtre bien-aimé

L’enseignement de Jésus, comme celui des Rabbis, doit s’adapter à chaque public, en fonction de leur niveau d’avancement.

Jésus ne parle pas de la même façon aux foules, aux disciples, aux Apôtres (cf. Mc 4,33) et il réserve certains moments à Pierre, Jacques et Jean, et même parfois à Jean seul, le bien aimé. Le Père Dreyfus de l’École Biblique de Jérusalem a bien montré l’importance et les raisons de cet enseignement différencié dans son livre « Jésus savait-il qu’il était Dieu ? ».

La raison principale, qui est celle sur laquelle le Pape Benoit XVI insistait dans ses livres sur Jésus de Nazareth, est que la révélation centrale du Nouveau Testament est celle de Jésus Lui-même, vrai homme et vrai Dieu, et que ce grand mystère ne peut pas être annoncé facilement, sans préparation et sans formation progressive.

Voila pourquoi cette révélation de l’Incarnation passe nécessairement par des étapes progressives, surtout face à un peuple aussi religieux et aussi averti que celui d’Israël.

Il faut voir maintenant comment les différentes annonces du Nouveau Testament se positionnent de manière très progressive et pédagogique sur cette question du mystère de l’Incarnation que le Catéchisme de l’Église Catholique définit comme « le signe distinctif de la foi chrétienne » (CEC n°463)

La pédagogie divine se manifeste dans la révélation du mystère de l’Incarnation

 

1°/ Matthieu introduit le récit de Joseph sur les Évangiles de l’enfance mais reste flou sur l’Incarnation et Marc reste aussi très peu précis sur le mystère de l’Incarnation

Il est étonnant de constater que le mystère de l’Incarnation est quasi-absent de Matthieu et Marc et la divinité de Jésus, qui transparaît chez eux de manière régulière, n’est cependant évoquée que de manière assez implicite.

Matthieu et Marc ne mettent jamais aucune limite à la Seigneurie du Christ, et ils affirment la divinité du Christ indirectement en montrant certes que rien de ce qui est réservé à Dieu n’est jamais refusé au Christ, mais ils ne disent jamais non plus explicitement que Jésus est Dieu, qu’il est le Fils unique, tourné vers le sein du Père, qu’il préexistait, que tout fut par Lui, qu’il a vu le Père, qu’il est descendu, qu’il s’est fait chair, qu’il vient du ciel, qu’il témoigne de ce qu'il a vu et entendu auprès du Père, qu’il se fait l’égal de Dieu en appelant Dieu son propre Père, qu’il montera là où il était auparavant, qu’il connaît Dieu parce qu’il vient d'auprès de lui et c'est lui qui l'a envoyé, qu’il sait d'où il est venu et où il va, pour être glorifié de la gloire qu’il avait auprès de Dieu avant que le monde fût, qu’il est un avec le Père, qu’il est dans le Père et que le Père est en lui, que tout ce qu’a le Père est à lui et Jésus ne parle jamais chez eux en disant « Je suis » : toutes expressions qui ne sont présentes que chez Saint Jean, et avec une densité très forte.

Matthieu et Marc sont des annonces d’introduction, qui sont destinées à un public encore peu formé en vue de les toucher et de les amener à se poser la question de l’identité profonde du Christ.

2°/ Luc introduit le témoignage unique de Marie sur l’Incarnation mais il en reste au niveau des faits avant que Jean, qui a « pris Marie chez lui », ne compose l’Évangile de l’Incarnation

Les Apôtres sont tous témoins de la mort et de la Résurrection du Christ et donc témoins du mystère de la Rédemption, mais il n’y a qu’un seul témoin du mystère de l’Incarnation et c’est une femme. Marie a conservé et médité dans son cœur tous les événements de « l’Évangile de l’enfance ». C’est comme si elle avait donné le récit à Luc et la méditation à Jean, avec qui elle est restée une vingtaine d’année probablement. L’idée d’Incarnation n’est présente et omniprésente que chez Jean, parce qu’il a reçu pour mère la Vierge Marie : « Pour Saint Jean, Jésus est le Verbe fait chair, venant donner la vie aux hommes. Le mystère de l’Incarnation commande toute sa pensée » (Introduction à l’Évangile de Saint Jean – Bible de Jérusalem p1524).

3°/ Paul, compagnon de Luc, sera ensuite aussi très clair sur le mystère de l’Incarnation. 

Paul à partir de 49 sera aussi très explicite comme lorsqu’il écrit en parlant de Jésus, qu’il est « Dieu béni éternellement, image du Dieu invisible, de condition divine, tout subsiste en Lui en qui habite corporellement toute la Plénitude de la divinité ».

4°/ Jean ne publiera son Evangile que très tard mais il développera plus que tous les autres le mystère du Verbe fait chair.