Avant l'islam, il y a les courants judéo-nazaréens

Des ariens aux ébionites, il a existé avant l’islam des courants judéo-nazaréens qui croyaient au Christ sans admettre sa divinité

Avant l’émergence de l’islam, il y a toujours eu des croyants issus du judaïsme qui n’ont pas reconnu la divinité du Christ : ariens, ébionites, judéo nazaréen sont dénoncés par les Pères de l’Église dans les premiers siècles (Saint Jérôme, Eusèbe, Epiphane, Clément d’Alexandrie). Plusieurs témoignages de l’époque atteste l’émergence d'une pensée politico religieuse messianiste à partir du 1er siècle, portée en particulier par des Juifs ethniques qui se nommaient « Nazaréens » … Leur projet était de reconquérir Jérusalem, et le lieu de prosternation sacré, le lieu de prosternation interdit et détruit que constituaient les ruines du Temple (masjid al haram en arabe, soit le nom donné aujourd’hui au sanctuaire de La Mecque) pour reconstruire ce Temple ; ils se pensaient choisis par Dieu pour dominer le monde et le sauver du mal en y imposant la loi divine et la vraie religion ; ils refusaient et condamnaient la Trinité chrétienne comme un associationnisme (shirk en arabe) et, dont la profession de foi était « Je témoigne de ce que Dieu est un et qu'il n'y a pas de Dieu en dehors de lui » ; ils pensaient que les Juifs et les chrétiens se trompaient car ils avaient falsifié leurs écritures, mais que eux, les Nazaréens, étaient les vrais disciples de Moïse et de Jésus (cf. Ray A. Pritz, Nazarene Jewish Christianity (éditions E.J. Brill and The Magnes Press, The Hebrew University, 1988-1992).

Beaucoup des grands concepts de l’islam existaient avant l’islam en ce milieu judéo-nazaréen comme en témoignent de nombreux textes

On y retrouve les concepts de l’Oumma, de l’attente du retour du Christ, d’« un seul Dieu » qui « n’a pas d’associé », qui a été « élevé par Dieu », qui n’est pas mort sur la Croix mais « gardé en réserve », d’un Salut qui tourne autour du Temple de Jérusalem à restaurer pour faire revenir Jésus, et sauver le monde, de la prohibition du vin, etc. Certains apocryphes chrétiens témoignent explicitement de ces thèses et courants (Évangile des Hébreux, Évangile de l’Enfance) comme plusieurs autres ouvrages de cette même mouvance (IIème livre de Baruch, Homélies pseudo-clémentines, IVème livre d’Esdras, Apocalypse d’Elie), mais la pensée messianiste avait commencé à s’exprimer déjà dans des textes plus anciens retrouvés à Qumran (Testament des 12 Patriarches, Livre des Jubilés, Livre de la Guerre, Targum Jonathan, Commentaires de Néhémie et d’Habacuc, Pièges de la femme, Documents de Damas, …)

Avant l’islam, il n’y a vraisemblablement jamais eu de contexte entièrement polythéiste en Arabie

Les « polythéistes de La Mecque » (païens non touchés par le christianisme et le judaïsme) sont dans le Coran présentés comme des monothéistes ; leur nom arabe de mushrikun (« associationnistes », qui associent d’autres dieux à Dieu) est exactement celui que les musulmans utilisaient pour qualifier les chrétiens selon Jean de Damas (en 746) ; le sens de polythéiste-païen est venu postérieurement à 746. Les chrétiens sont nommés « nazaréens » par le Coran (nasara) ; or les chrétiens arabes se nommaient et se nomment toujours masihi (« messianiques », disciples du Messie) et n'ont jamais porté le nom de « nazaréens » avant l’islam.

Les personnes décrites dans l’entourage de Mahomet, comme Waraqa ou Khadija, sa 1ère femme, ne sont pas polytéhistes, mais judéo-nazaréen. De même le père et le grand père de Mahomet qui sont classiquement réputés polythéistes de Mahomet sont en fait nommés « Abdallah » (esclaves, ou serviteurs, du dieu unique) ce qui est absolument inconcevable pour des polythéistes.

En bref, il ne s’agit en aucun cas d’une doctrine nouvelle révélée à des illettrés

Les traces antiques de la tribu de Mahomet, les Qoréchites, sont attestées non en Arabie mais dans le Nord de la Syrie, environ 1500 km plus haut 

Les vestiges de la présence ancienne des Qoréchites se trouvent dans la région e Lattaquié, en Syrie avec toute une série de noms explicites. Il n’y a par contre aucune trace historique de cette tribu à La Mecque ou en Arabie. Patricia Crone a mis aussi en évidence de diverses manières (noms, langue, commerce, végétation, références) le contexte syrien de la prédication de Mahomet et situé les origines de l’islam sur les rivages méditerranéens (Hagarism. The making of the islamic world, avec Michael Cook, 1977 – Hagarisme : Comment s’est créé le Monde islamique) ; Meccan Trade and the Rise of islam, 1987 (Le Commerce Mecquois et la Venue de l’islam) et How did the quranic pagans make a living ? in Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 2005 (De Quoi Vivaient les Païens Décrits par le Coran ?) comme Robert Kerr à sa suite par une analyse philologique et paléographique de l’écriture arabe et des graffiti (The Language of the Koran - 2013) (« La Langue du Coran ») : le Coran a été écrit en Arabie pétréenne (Syrie) et non en Arabie déserte (La Mecque, Médine). Épiphane de Salamine (Onomatiscon, 172,1-3) témoignage aussi des foyers d’implantations originels des judéo-nazaréens dans le Nord de la Syrie.

Mahomet (570- 632 ou 634) et les Arabes manifestent un incompréhensible intérêt pour Jérusalem attaqué en 614 et pour la terre Sainte en 629

On connait des bouts de la vie de Mahomet par quelques sources extra-musulmanes : notamment la chronique arménienne de Sebeos, les juifs qui assistent à un prêche de Mahomet à Médine, la Lettre d’un juif à un juif qui lui demande ce qu’il pense du prophète qui s’est levé chez les Arabes, etc. Elles désignent Mahomet comme un prédicateur exhortant des Arabes chrétiens à la conquête de la Terre Sainte, comme un ex marchand, un chef religieux et un chef de guerre.

On sait ainsi que Mahomet connut la défaite face aux Byzantins à Muta, en 629 près du Jourdain, dans une tentative de conquête de la terre d’Israël. Mahomet exhortait à la reprise de la terre sainte d’Israël et prêchait le retour imminent du « Messie Jésus » auprès des Arabes chrétiens, préalable à la conquête du monde et à l’éradication du mal sur la terre. C’est dans ce sens qu’il fut qualifié de prophète par certains témoins juifs contemporains. Il semble qu’il ait pris part avec d’autres Arabes à l’invasion des Perses de 614 et à leur conquête de Jérusalem, dont les judéo-nazaréens ne tirèrent aucun bénéfice. Il devint un chef militaire des Arabes ralliés aux judéo-nazaréens, et un de leurs principaux prédicateurs.

Plusieurs épisodes de la vie de Mahomet relèvent à l’évidence de la légende, comme par exemple l’invraisemblable voyage nocturne de Mahomet (toujours récit à 1 seul témoin)

Au-delà du « miracle » qui stipule que Mahomet serait allé à Jérusalem en une nuit sur un « cheval ailé » depuis La Mecque, pour s'y envoler à partir de l'emplacement du Dôme du Rocher vers le ciel, en y laissant ses empreintes, il faut savoir qu’à l’époque l'esplanade était couverte de ruines, de débris et d'ordures.

Après la prise de Jérusalem par Omar, en 637, le temple reconstruit par l'alliance judéo-arabe, ne mentionnait pas le voyage nocturne, pas plus que le Dôme du Rocher, construit en 692, comme copie d’une église chrétienne transformée en mosquée (église de la Kathisma, à Jérusalem). Les textes inscrits sur le Dôme du Rocher célèbrent la suprématie d'Abd al Malik sur le monde, sur les Arabes, sur toutes les religions et sur tous les croyants mais il n’y a absolument aucune référence au voyage nocturne sur le monument ou dans la littérature contemporaine.

Les invraisemblances concernent aussi par exemple l'histoire « matrimoniale » de Mahomet : selon les différentes versions de sa biographie, il a eu après sa 1ère femme (dont il aura 4 filles, seule Fatima lui survivra, à l'origine de la lignée des Fatimides) de 10 à 29 femmes, voire beaucoup plus dans les traditions les plus tardives, mais il n'en aura aucun enfant (malgré ses prouesses viriles).

Historiquement les premières références musulmanes à Mahomet commencent à partir de l’an 685, 50 ans après sa mort

Il s’agit du témoignage d’un opposant au Calife qui fait figurer sur les pièces de monnaie à son effigie les premières références islamiques de l’Histoire à Mahomet, puis en 685-690 de pièces à l’effigie d’Abd al Malik, et des inscriptions du Dôme du Rocher.