Dormition et Assomption : quelles différences ?


 

L’Église catholique célèbre l’Assomption de Marie, mais l’Église orthodoxe préfère parler de Dormition. Ces termes reflètent deux compréhensions différentes de ce mystère qui concerne la Vierge Marie, qui sont liées à la diversité des sources apocryphes, mais également à l’histoire de ces deux Églises.

 

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Les récits liés à la mort de Marie

Les récits bibliques ne parlent pas de la mort de la Vierge Marie. La première source est le Transitus Mariae, datant des IIè-IIIès. Les récits apocryphes racontent qu’au moment de l’endormissement de Marie, son âme a quitté son corps, et que le Christ prend dans ses bras l’âme de Marie, représentée sur les représentations par un bébé, comme on le voit dans l’œuvre de Bartolo di Fredi ci-dessus. Ensuite, Jésus amène l’âme de Marie dans le Royaume de Dieu. Les apôtres célèbrent alors les obsèques de Marie, et les anges emmènent le corps de Marie au Paradis où son corps retrouve son âme.

Les dissensions théologiques

À l’origine, depuis l’instauration par l’empereur romain d’Orient Maurice (539-602) de la fête de la Dormition, le 15 août, Catholiques et Orthodoxes célébraient ce mystère de la même façon, le 15 août. Mais les deux Églises ont évolué différemment, et l’Église orthodoxe ne reconnaît ni le dogme de l’Immaculée Conception, défini par le pape Pie IX en 1854, indiquant que Marie n’a pas été touchée par le péché originel, ni celui de l’Assomption, promulgué par Pie XII en 1850, dans la constitution apostolique de l'Église catholique Munificentissimus Deus. Or, le dogme de l’Assomption est la conséquence de celui de l’Immaculée Conception. Le dogme de l’Immaculé Conception affirme en effet qu’un privilège divin a épargné la Vierge Marie du péché originel. De ce fait, ipso facto, Celle-ci échappe à la mort, qui est conséquence de ce même péché.

La Dormition

Les récits apocryphes en faveur de la Dormition telle qu’elle est conçue par les Orthodoxes pensent ainsi la mort de Marie:

l’âme de Marie est placée auprès du Père (au ciel), et le corps de Marie est placé dans un lieu connu (par exemple près de l'arbre de vie) ou inconnu, il est incorruptible et attend la résurrection générale. Cette incorruptibilité du corps de la mère de Jésus est très souvent comparée à l'incorruptibilité de l'arche d'Alliance (qui contenait la manne et la loi).

L’Assomption

Les récits apocryphes en faveur de l’Assomption rapportent que La mère de Jésus meurt et est mise au tombeau (comme Jésus), mais qu’Elle est glorifiée en son âme et en son corps, avec une réunion de l'âme et du corps, et emmenée au ciel.

Dormition et Assomption

On trouve également des traditions associant Dormition et Assomption : Jésus ressuscite la Vierge Marie, mais on précise aussi que celle-ci  attend encore la résurrection générale.

En conclusion, on peut dire que les apparitions mariales confirment que la Vierge Marie est bien vivante au ciel, corps et âme : elles correspondent donc à la doctrine de l'Assomption et non pas à celle de la Dormition. D’autre part, la Vierge Marie s’est manifestée à Bruno Cornacchiola le 12 avril 1947, à Tre Fontane, sous le nom de Vierge de la Révélation, et lui a dit :

« Mon corps ne s'est pas corrompu, car il ne pouvait se corrompre. Mon divin Fils et les anges sont venus à ma rencontre à l'heure de ma mort. [1]»

Source :

-S. Mimouni, Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Paris : Beauchesne, 1995, p. 21.


 

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Pour en savoir plus

 

-sur l’Assomption de Marie au ciel, dans l’Encyclopédie mariale

-sur le dogme de l'Assomption défini par l'Église Catholique, dans l’Encyclopédie mariale <link encyclopedie-mariale doctrine lassomption-de-marie le-dogme-de-lassomption-defini-par-leglise-catholique>
-sur l’Assomption dans la tradition de l’Église, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l’Assomption dans les liturgies, dans l’Encyclopédie mariale