Afin que le monde ressente l'amour de Dieu

Afin que le monde ressente l'amour de Dieu

L'homme qui prend feu et flamme à cause de la vérité n'a pas encore appris la vérité telle qu'elle est.

Lorsqu'il l'aura apprise véritablement, il cessera de s'enflammer à cause d'elle. Le don de Dieu et la connaissance accordée par ce don ne sont jamais motifs à se troubler ou à élever la voix, car le lieu où habite l'Esprit avec l'amour et l'humilité est un lieu où ne règne que la paix.

Si le zèle avait été utile pour le redressement des hommes, pourquoi Dieu aurait-il revêtu un corps et employé la douceur et des façons humbles pour convertir le monde à son Père ?

Et pourquoi se serait-il étendu sur la croix pour les pécheurs, et aurait-il livré son corps très saint à la souffrance en faveur du monde ?

Moi, j'affirme que Dieu ne l'a fait que pour une seule raison : faire connaître au monde son amour, pour que notre capacité d'aimer, encore augmentée par une telle constatation, soit faite captive de son amour à lui.

De la sorte, l'éminente puissance du Royaume des cieux, qui consiste dans l'amour, a trouvé une occasion de s'exprimer dans la mort de son Fils... afin que le monde ressente l'amour de Dieu pour sa création. Si cet admirable geste n'avait eu d'autre raison que la rémission de nos péchés, il aurait suffi d'un autre moyen pour la réaliser. Qui l'aurait refusé s'il l'avait accompli par une mort simple, sans plus ? Mais il n'a pas voulu d'une mort toute simple, afin que tu comprennes quel en est le mystère...

Pourquoi fallait-il des insultes et des crachats ?... Oh ! sagesse vivifiante ! Tu as maintenant compris et ressenti quelle a été la raison de la venue de notre Seigneur et de tout ce qui s'en est suivi, avant même que de sa bouche il ne nous l'ait lui-même clairement expliqué. Il est écrit, en effet, que « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique ». (Jn 3, 16)



Saint Isaac le Syrien (7ème siècle), moine à Ninive (près de Mossoul dans l'actuel Irak)

Chapitres sur la connaissance, IV, 77-78 (trad. A. Louf, édition Bellefontaine 2003, p. 273)