La fuite en Égypte selon les Pères de l'Église (Mt 2, 13-15)

Mt 2, 13-15 - Après le départ : le commentaire des Pères de l'Eglise

"Après le départ des Mages, l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit :

« Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte : Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant »

Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Egypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D'Egypte, j'ai appelé mon fils. "

Selon saint Jean Chrysostome :

"L'ange ne dit pas : « Prenez la mère et l'enfant, » mais « prenez l'enfant et la mère » ; car l'enfant n'est pas né pour la mère, mais la mère a été préparée pour l'enfant.

 « Et fuyez en Égypte. » Mais comment le Fils de Dieu peut-il fuir devant un homme ? Qui nous délivrera de nos ennemis, si lui-même en est réduit à craindre les siens ?

Il fallait d'abord qu'il se soumît en cela aux conditions de la nature humaine qu'il avait prise, conditions qui exigent que la nature humaine et l'enfance abandonnée à elle-même fuient devant un pouvoir qui les menace.

En second lieu, c'est une leçon donnée aux chrétiens, qui ne doivent point rougir de prendre la fuite lorsque la persécution la rend nécessaire.

Mais pourquoi fuir en Égypte ? Le Seigneur dont la colère ne dure pas éternellement, s'est souvenu de tous les maux dont Il avait autrefois accablé l'Égypte, et il lui envoie son Fils pour lui donner un signe éclatant de réconciliation. Il veut ainsi guérir par cet unique et puissant remède les dix plaies anciennes de l'Égypte.

Il veut aussi que le peuple qui a été autrefois le persécuteur de son peuple premier-né, devienne le gardien de son Fils unique ; que ceux qui ont fait peser sur ce peuple leur domination tyrannique soient les serviteurs les plus empressés de son Fils, et qu'au lieu d'aller s'engloutir dans les flots de la mer Rouge ils soient appelés à se plonger dans les eaux vivifiantes du baptême."

Selon saint Augustin :

"Prêtez l'oreille à ce grand mystère. Moïse avait autrefois répandu une profonde nuit sur l'Égypte perfide ; le Christ en arrivant dans cette contrée rend la lumière à ceux qui étaient assis dans les ténèbres ; il fuit, mais c'est pour éclairer et non pas pour se dérober à ses ennemis."

Selon saint Jérome :

"Lorsque Joseph prend la mère et l'enfant pour fuir en Égypte, c'est pendant la nuit et dans les ténèbres ; lorsqu'il retourne dans la Judée, il n'est plus fait mention ni de la nuit ni de l'obscurité."

Selon saint Jean Chrysostome :

"Voyez, à peine l'enfant est-il né, le tyran entre en fureur, et la mère avec l'enfant sont obligés de fuir dans une terre étrangère.

Si donc après vous être dévoués a une oeuvre spirituelle, la tribulation vient fondre sur vous, ne vous troublez pas, mais profitez de cet exemple pour supporter tout avec courage."

(Extraits de "La chaîne d'or". Explication suivie des quatre composée des interprètes grecs et latins et surtout des ss. Pères, traduction par l'abbé J.-M. Peronne, 1868)

St Thomas d'Aquin