Izamal : avec Marie, respecter les hommes et les cultures

Izamal : avec Marie, respecter les hommes et les cultures

Origine

Le sanctuaire marial de Izamal a son origine en 1549 sur une ancienne pyramide de la tribu maya, une pyramide appelée “château du roi”. Les franciscains l’incorporèrent à leur couvent et y mirent une statue de Marie. Et quand les Espagnols de Valladolid ont voulu l’emporter, la statue est devenue si lourde qu’au moyen n’a pu la déplacer.

Fête annuelle

La fête annuelle a lieu le dernier dimanche du mois de mai. C’est l’occasion d’une procession, de chants, de danses, et de larmes d’intense émotion.

Visite de Jean Paul II et message aux indigènes

Jean Paul II est venu dans ce sanctuaire le 11 août 1993. Les descendants des tribus Maya ont alors acclamé le couronnement de Notre Dame par des chants et des danses symbolisant l’unité de toute la création. Voici un extrait de son discours aux représentants de la communauté indigène :

Tu les as révélés aux petits

"En vous regardant, chers frères et sœurs, mon cœur remercie le Seigneur Dieu pour le don de la foi que vos aïeux ont cultivé comme un grand trésor, et que vous tâchez d'incarner dans la vie et de transmettre à vos fils. Me viennent aux lèvres les paroles de Jésus:

« Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as tenu cachées ces choses aux savants et aux intelligents et tu les as révélés aux petits » (Mt 11, 25).

Cette prière du Christ résonne aujourd'hui avec un écho spécial à Izamal, parce que c’est aux simples de cœur que Dieu voulut montrer les richesses de son Royaume.

La valeur sacrée de la personne

Depuis les premiers pas de l'évangélisation, l'Église Catholique, fidèle à l'Esprit du Christ, fut la défense infatigable des Indiens, la protectrice des valeurs qu’il y avait dans sa culture, promotrice d'humanité devant les abus des colonisateurs parfois sans scrupules, qui ne surent pas voir dans les autochtones des frères et des fils du même Dieu Père.

La dénonciation des injustices, faite par Bartolomé de Las Casas, Antonio de Montesinos, Vasco de Quiroga, José d'Anchieta, Manuel de Nobrega, Pedro de Córdoba, Bartolomé d'Olmedo, Juan del Valle et par de nombreux autres furent comme une clameur qui favorisa une législation inspirée par la reconnaissance de la valeur sacrée de la personne et, en même temps, un témoignage prophétique contre les abus commis à l'époque de la colonisation.

Les missionnaires, que le Document de Puebla qualifie de « lutteurs intrépides pour la justice et évangélisateurs de la paix » (n. 8), ils n’avaient pas des ambitions terrestres ni des intérêts personnels, mais ils étaient là parce qu’ils avaient senti l'appel urgent à évangéliser des frères qui ne connaissaient pas encore Jésus Christ.
"L'Église, lisons-nous dans le Document de Santo Domingo, en rencontrant les indigènes, tâcha depuis le début de les accompagner dans la lutte pour leur même survie, en leur montrant le chemin du Christ Sauveur, et en dénonçant la situation injuste des peuples vaincus, envahis et traités comme des esclaves".

Votre droit à une place culturelle, vitale et sociale

Par ce voyage apostolique je désire d'abord célébrer votre foi, soutenir votre promotion humaine, affirmer votre identité culturelle et chrétienne. Ma présence au milieu de vous veut aussi être un appui ferme à votre droit à une place culturelle, vitale et sociale, comme individus et comme groupes ethniques.

Vous apportez, chers frères et sœurs natifs de l'Amérique, un riche héritage de sagesse humaine, et, en même temps vous êtes dépositaire des attentes de vos peuples devant l'avenir.

L'Église, de sa part, affirme ouvertement le droit de chaque chrétien à son patrimoine culturel comme étant quelque chose d’inhérent à sa dignité d'homme et de fils de Dieu. Dans ses valeurs naturelles de vérité, de bien et de beauté, un tel patrimoine doit être reconnu et respecté.

Il faut dire malheureusement que la richesse de vos cultures a pas été appréciée toujours comme il se doit, et que vos droits comme personnes et comme peuple n’ont pas été respectés. L'ombre du péché s'est aussi projetée en Amérique dans la destruction de beaucoup de vos créations artistiques et culturelles, et dans la violence dont souvent vous avez été l’objet.

L'Église n'abandonne pas son engagement d'enseigner à tous ses fils l'amour envers la diversité culturelle qui est la manifestation de l'identité catholique - universelle -du peuple de Dieu.

Conscients de cette réalité, les Évêques réunis à Sant Domingo, dans la quatrième Conférence Générale de l'épiscopat Latino-américain s'est engagé à « contribuer à freiner et à déraciner les politiques qui font disparaître les cultures autochtones pour faire une intégration forcée ; ou, au contraire, les politiques qui cherchent à maintenir les autochtones isolés et marginalisés par la réalité nationale ».

Extraits de Jean Paul II,

discours aux représentants de la communauté indigène du Mexique.

Le 11 août 1993 à Izamal.