Les biens sensibles (S. Jean de la Croix)

Les biens sensibles (S. Jean de la croix)

Saint Jean de la croix emmenait les religieux du carmel contempler la nature, il leur offrait des détentes où l'on savourait de bons fruits[1], il admettait l'usage des images saintes et la fréquentation des sanctuaires[2]. Etc. Saint Jean de la croix n'est pas un ennemi de l'usage des sens.

« Si l'âme ne s'y arrête pas, mais que dès le premier moment où elle perçoit de la joie de ce qu'elle voit, entend, touche... l'âme s'élève vers Dieu et lui offre cette joie, qui lui sert de motif et de stimulant pour atteindre ce but, elle agit très bien. [...] Les objets sensibles nous aident à obtenir la fin pour laquelle Dieu les a créés et nous les a donnés, et cette fin est qu'ils nous servent à le mieux connaître et aimer. » [3]

Simplement, saint Jean de la croix recommandait de ne pas s'arrêter aux biens sensibles :

D'une part, s'arrêter aux biens sensibles fera du mal à notre vie spirituelle.

Certes il faut cuisiner, sentir bon et avoir de la conversation... tout est question de retenue !

Trop regarder (regarder trop d'image, être trop curieux) dissipe, rend jaloux ou impur ; et nous pouvons ajouter ce que Jean de la Croix ne connaissait pas, le danger de la pornographie qui chosifie les êtres humains et ne laisse pas indemne celui qui regarde.

Trop écouter (de conversations) rend bruyant, distrait, bavard et téméraire dans nos jugements ; et nous pouvons ajouter ce que Jean de la Croix ne connaissait pas en son temps, le dangers des musiques contemporaines qui si souvent inspire la violence, l'excitation sexuelle ou le penchant pour les drogues, quand ce n'est pas directement la haine du Christ (c'est même le nom d'un groupe : ACDC : Antichrist, dead to Christ ; et ce n'est pas le seul groupe).

Jean de la croix dit aussi que trop aimer les parfums engendrera une difficulté à suivre le Christ dans les humiliations et l'amour des pauvres ;

La gourmandise provoquera une torpeur de l'esprit et l'oubli du pauvre, comme dans la parabole de Lazare (Lc 16, 9) ;

S'attacher aux plaisirs du toucher amènera le vice abominable de la mollesse et portera au péché.[4]

D'autre part, s'attacher aux biens sensibles est inutile et vain, même quand il s'agit d'art sacré, les sens ne peuvent pas être capables de comprendre Dieu tel qu'il est.

« L'œil ne peut ni le voir, ni voir un objet qui lui ressemble ; l'oreille ne peut entendre sa voix ni aucune voix qui lui ressemble ; l'odorat ne saurait respirer un parfum aussi suave que le sien, ni le goût savourer une douceur aussi élevée et aussi délectable, ni le toucher éprouver des sensations aussi délicates. »[5]


[1] Crisogono de Gesù, Jean de la Croix, sa vie, Cerf, Paris 1982., p.167

[2] Extraits de Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre III, chapitre XLI.

[3] Extraits de Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre III, chapitre XXIII.

[4] Extraits de Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre III, chapitre XXIV.

[5] Extraits de Jean de la Croix, La montée du Carmel, Livre III, chapitre XXIII.


Synthèse F. Breynaert