Marie reine dans la tradition ancienne (Pie XII)

Reine du Ciel et de la terre (saints et liturgie)

Royauté de Marie dans les documents anciens.

Il n'est pas étonnant que les anciens écrivains ecclésiastiques, forts de la parole de l'Archange Gabriel prédisant que le Fils de Marie régnerait éternellement (Luc. 1, 32, 33), et de celles d'Elisabeth, qui en la saluant avec respect l'appelait "la Mère de mon Seigneur" (Luc. 1, 43), aient déjà appelé Marie "la Mère du Roi", "la Mère du Seigneur". [...]

Saint Grégoire de Nazianze appelle Marie "Mère du Roi de tout l'univers", "Mère Vierge, (qui) a enfanté le Roi du monde entier"[1].

Cette dignité royale de la Bienheureuse Vierge Marie est clairement et nettement signifiée par ceux qui l'appellent "Souveraine", "Dominatrice", "Reine"[2].

Saint Jean Damascène lui donne le nom de "Reine, Patronne, Souveraine"[3] et même de : " Souveraine de toute créature''[4].

C'est pourquoi S. Alphonse de Liguori rassemblant tous les témoignages des siècles précédents écrit avec grande piété : "Puisque la Vierge Marie a été élevée à la dignité si haute de Mère de Dieu, c'est à bon droit que l'Eglise lui a décerné le titre de Reine"[5].

Pie XII, Encyclique Ad Cœli Reginam sur la Royauté de Marie 11 octobre 1954, § 8-12

Royauté de Marie dans les livres liturgiques.

La liturgie, qui est comme le fidèle miroir de la doctrine transmise par les anciens et crue par le peuple chrétien à travers les âges, soit en Orient soit en Occident, a toujours chanté et chante encore sans cesse les louanges de la Reine des cieux.

De l'Orient retentissent ces accents fervents : "O Mère de Dieu, aujourd'hui tu as été transportée au ciel sur les chars des Chérubins, les Séraphins sont à ton service, et les légions des armées célestes s'inclinent devant toi"[6].

Et ceux-ci : "O juste, ô très heureux (Joseph), à cause de ton origine royale tu as été choisi entre tous pour époux de la Reine pure, qui enfantera merveilleusement le Roi Jésus"[7] [...]

Dans le Missel éthiopien, on lit : "O Marie, centre de l'univers. ... Tu es plus grande que les Chérubins aux jeux innombrables et que les Séraphins aux six ailes... Le ciel et la terre sont entièrement remplis de ta sainteté et de ta gloire"[8] .

L'Eglise latine chante la vieille et très douce prière du " Salve Regina" et les joyeuses antiennes "Ave, Regina cælorum", "Regina cœli, lætare" [...].

Il faut y ajouter, entre autres, les Litanies de Lorette, qui invitent tous les jours le peuple chrétien à saluer plusieurs fois Marie du titre de Reine.

De même, depuis bien des siècles, les chrétiens méditent sur l'empire de Marie qui embrasse le ciel et la terre, lorsqu'ils considèrent le cinquième mystère glorieux du Rosaire, que l'on peut appeler la couronne mystique de la Reine du ciel.

Pie XII, Encyclique Ad Cœli Reginam sur la Royauté de Marie 11 octobre 1954, § 16-18


[1] S. Gregorius Naz., Poemata dogmatica, XVIII, v. 58 : P. G. XXXVII, 485

[2] S. Hieronymus, Liber de nominibus hebraeis : P.L. XXIII, 886. S. Petrus Chrysologus, Sermo 142, De Annuntiatione B.V.M. : P.L. III, 579 C ; cfr. etiam 582 B ; 584 A : "Regina totius exsitit castitatis".

[3] S. Ioannes Damascenus, Homilia I in Dormitionem B. V. M. : P. G. XCVI, 719 A.

[4] Idem, De fide orthodoxa, I, V, c. 14 : P. G. XLIV, 1158 B

[5] S. Alfonso, Le glorie di Maria, p. I, c. I, I.

[6] Ex liturgia Armenorum : in festo Assumptionis hymnus ad Matutinum

[7] Ex Menaeo (byzantino) : Dominica post Natalem, in Canone, ad Matutinum.

[8] Missale Aethiopicum, Anaphora Dominae nostrae Mariae, Matris Dei